La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Big brother is watching you? Facteur de privation de liberté pour certains, élément essentiel de sécurisation pour d’autres, la vidéoprotection nourrit bien des fantasmes et des craintes chez le grand public, en particulier en France.
Big brother is watching you? Facteur de privation de liberté pour certains, élément essentiel de sécurisation pour d’autres, la vidéoprotection nourrit bien des fantasmes et des craintes chez le grand public, en particulier en France.
En 2012, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) estimait à environ 1 million le nombre de caméras de « surveillance » installées dans les rues, les commerces et les transports en commun. Aucune estimation précise n’a été publiée depuis, mais les programmes de vidéoprotection se multiplient sur l’ensemble du territoire.
Mais qu’est-ce que la vidéoprotection exactement ? De quelle manière est-elle encadrée ? Quels sont les programmes et les initiatives, en cours et à venir, afin de la développer en particulier dans les transports ? Comment la rendre réellement efficace ? Autant de questions au cœur des débats autour de cet outil.
Le terme vidéoprotection regroupe l’ensemble des dispositifs de captation vidéo comportant a minima une caméra et un moniteur de visualisation des images filmées par cette dernière.
La loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure du 14 septembre 2011, dite LOPPSI 2, a acté l’utilisation du terme vidéoprotection en remplacement du terme vidéosurveillance pour les dispositifs installés sur la voie publique ou les lieux ouverts au public. La vidéosurveillance regroupant les dispositifs opérant dans les lieux privés.
Installation des caméras, zones filmées ou zones floutées, durée de conservation des images : la mise en place d’un système de vidéoprotection doit répondre à de nombreuses contraintes.
Les dispositifs de vidéoprotection doivent faire l’objet d’une autorisation préfectorale. Chaque département dispose d’une Commission départementale de vidéoprotection en charge de l’étude approfondie des dossiers soumis pour autorisation. Ces dossiers administratifs et techniques comprennent notamment un plan détaillé de l’installation et des zones filmées par les caméras. Dans le cas où le système de vidéoprotection est couplé à un fichier informatique - reconnaissance des plaques d’immatriculation, reconnaissance faciale - la CNIL est l’autorité compétente.
La CNIL a également pouvoir de contrôle sur l’ensemble des dispositifs de vidéoprotection afin d’assurer leur conformité vis-à-vis des obligations légales. La CNIL peut ainsi procéder à ces contrôles de sa propre initiative ou à la demande de la commission départementale de vidéoprotection.
Levallois Perret dans les Hauts-de-Seine est l’une des premières en France à avoir installé des dispositifs de vidéoprotection. Cette commune d’environ 65 000 habitants dispose d’après les derniers éléments communiqués par la municipalité de 78 caméras numériques réparties dans la ville, 134 caméras dans les bâtiments municipaux et près de 1 000 caméras dans les parkings publics.
À l’instar de Levallois Perret, la ville de Nice a également déployé à grande échelle et à un rythme soutenu la vidéoprotection. Disposant de 228 caméras en 2008, la ville avait déployé plus de 1200 caméras en 2016 pour une couverture estimée à 1 caméra pour 280 habitants, une des densités les plus élevées de France.
La plupart des communes ayant fait le choix de la vidéoprotection ont mis en place des Centres de Supervision Urbains (CSU) permettant de visionner les images en direct et de coordonner les interventions des forces de l’ordre de manière plus efficace.
Longtemps initiées par les communes, de nouvelles initiatives ambitieuses émergent au niveau régional, poussées par les Conseil Régionaux eux-mêmes. Compétence des régions, les transports régionaux sont particulièrement ciblés par ces initiatives. Lors des dernières élections régionales de 2015, de nombreux candidats aux présidences de région ont fait campagne sur le thème de la sécurisation des transports régionaux. Parmi ces régions figurent en particulier les projets initiés en Auvergne-Rhône-Alpes, en Hauts-de-France et en Île-de-France.
A l’instar de Levallois Perret, la ville de Nice a également déployé à grande échelle et à un rythme soutenu la vidéoprotection. Disposant de 228 caméras en 2008, la ville avait déployé plus de 1200 caméras en 2016 pour une couverture estimée à 1 caméra pour 280 habitants, une des densités les plus élevée de France.
La plupart des communes ayant fait le choix de la vidéoprotection ont mis en place des Centres de Supervision Urbains (CSU) permettant de visionner les images en direct et de coordonner les interventions des forces de l’ordre de manière plus efficace.
Fin 2016, le Président de région Laurent Wauquiez a validé un plan d’investissement de 100 M€ pour la sécurisation des transports en commun régionaux.
Ce plan comporte en particulier un volet vidéoprotection avec l’équipement en caméras de 105 gares et l’équipement vidéo de toutes les nouvelles rames mises en circulation. Point essentiel de la performance d’un dispositif de vidéoprotection, le visionnage des images sera quant à lui assuré par un centre de supervision régional. Ce centre aura notamment pour mission de visionner les images issues de l’ensemble des caméras des transports en commun de la région pour identifier, en direct, les comportements suspects.
La région Hauts-de-France n’est pas en reste. Lors de sa campagne, le président du Conseil Régional Xavier Bertrand avait fait de la sécurisation des transports en communs régionaux un chantier essentiel de sa mandature.
Là encore, la vidéoprotection est un axe important de ce dispositif, avec une volonté d’équiper l’ensemble des gares de la région en caméras ainsi que les rames en circulation.
Spécificité de la région Hauts-de-France, les premières gares déployées seront reliées aux Centres de Surveillance Urbains des communes.
Axe important du « Bouclier de sécurité » promis aux franciliens par la Présidente de région, la sécurisation des transports s’appuie également sur la vidéoprotection.
Valérie Pécresse a ainsi annoncé des objectifs ambitieux avec notamment le déploiement de la vidéoprotection dans 70 gares routières d’Île-de-France, l’équipement de 100% des bus en 2018 et 100% des trains avant 2021. En 2019, ce dispositif sera piloté par un centre unique de coordination de sûreté sous l’autorité du Préfet de police,
La région a également décidé d’accompagner les communes, les établissements publics de coopération intercommunale et les établissements publics territoriaux en subventionnant l’installation de la vidéoprotection sur son territoire.
Particulièrement dans un contexte de lutte antiterroriste, la sécurisation des transports en commun est un défi majeur pour les responsables politiques et les transporteurs.
Bien utilisée, la vidéoprotection dans les transports peut permettre la détection d’incidents en direct, leur résolution a posteriori et un pilotage plus fin des interventions sur le terrain.
La vidéoprotection est un élément important de cette démarche mais ne saurait être la seule réponse. En particulier, la multiplication des dispositifs de captation vidéo ne pourra avoir un impact sur la sécurisation des transports que si ces images sont visionnées, analysées et utilisées. C’est ici l’enjeu majeur de la vidéoprotection : assurer son utilisation optimale tout en restant dans les bornes de la loi. Or les ressources humaines nécessaires pour visionner en direct l’ensemble des images sont énormes. Seule l’utilisation des nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle pourra permettre d’en faire un outil efficace et performant en complément des moyens humains adéquats.