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Avec l’essor des objets connectés et l'arrivée massive des compteurs intelligents, le client peut accéder beaucoup plus facilement aux informations relatives à sa consommation d’énergie et en devenir acteur.
Depuis de nombreuses années, le système de facturation des fournisseurs d'électricité se base généralement sur le même principe : une facturation du client sur une consommation estimée à partir de l'historique du point de livraison, et, une fois par an, une facture de régularisation basée sur la consommation réelle du client.
Dans ce système, le client subit sa consommation car ce n'est qu'au bout d'une année qu'il sait ce qu’il a réellement consommé et donc ce qu’il va finalement payer. Ainsi, si les estimations sont mal adaptées à la consommation du client (changement de situation personnelle, ajout ou suppression de matériel énergivore…), l’écart peut être important entre le total des acomptes payés et la régularisation. De plus, le pas de temps considéré de 6 mois entre deux consommations réelles ne permet pas non plus au client de réagir en cas de mauvaises habitudes de consommation d’énergie.
Aujourd'hui, cependant, avec l’essor des objets connectés et l'arrivée massive des compteurs intelligents, le client peut accéder beaucoup plus facilement aux informations relatives à sa consommation d’énergie et en devenir acteur.
Un premier moyen d’éviter les mauvaises surprises sur les factures d’électricité est la mise en place d’auto-relèves par les fournisseurs d’énergie. Ainsi, la réglementation oblige depuis 2016 les fournisseurs d’électricité à mettre à disposition de leurs clients un moyen de communication de leurs index de compteur[i].
Une partie des fournisseurs tels que EDF, Direct Energie ou TOTAL Spring, ont choisi de proposer à leurs clients une facturation bimestrielle basée sur leur consommation réelle auto-relevée. En cas d’oubli du relevé, le client sera facturé sur la base d’index estimés. Ce dispositif de facturation présente cependant un inconvénient pour les foyers se chauffant à l’électricité (31% des logements individuels et collectifs)[ii]. En effet, la facturation dépendra fortement des saisons, avec des factures beaucoup plus élevées l’hiver lorsque les chauffages électriques sont en service. Le chauffage représentant 62% de la consommation d’électricité d’un foyer[iii], l’hiver, la consommation est environ multipliée par 5.
Avec ce système, le client bénéficie cependant d’un premier accès aux informations relatives à sa consommation et d’une facturation « au réel ». Certains fournisseurs (par exemple EDF avec e.quilibre, Engie avec Cap ecoconso ou ekwateur via son espace client) couplent cette solution avec une plateforme destinée à aider le client à suivre et à réduire sa consommation d’énergie. Les périodicités des auto-relèves peuvent aussi être réduites à une fois par mois. Le client a alors accès à de nombreux outils lui permettant d’évaluer sa consommation, la consommation de ses équipements électriques en euros ou de comparer sa consommation sur plusieurs périodes ou par rapport à un foyer équivalent.
Chez Planète Oui, la réalisation d’une auto relève mensuelle par le client (permettant une facturation au réel) est même incitée, avec une réduction de 10% de l’abonnement le mois suivant l’auto-relève.
Ces informations rendent la consommation d’électricité beaucoup plus tangible aux clients et constituent une première étape pour agir sur celle-ci.
Un suivi plus détaillé des consommations et quasiment en temps réel d’un foyer est possible aujourd’hui. Ainsi, pour les foyers équipés d’un compteur Linky communicant (7,3 millions de compteurs installés sur les 35 millions de compteurs en France), les fournisseurs ayant un parc de plus de 150 000 clients sont tenus depuis le 1er juillet 2017 de mettre à disposition de ceux-ci le suivi de leur consommation annuelle et mensuelle sur un espace web sécurisé. Les autres fournisseurs doivent fournir ce service depuis le 1er juillet 2018[iv].
D’autres fournisseurs permettent à leurs clients n’ayant toujours pas été équipés de compteur Linky, de suivre en temps réel leur consommation. Mint energie, ENGIE via une offre spécifique et Greenyellow mettent ainsi à disposition de leurs clients, de façon gratuite ou payante suivant les fournisseurs, un boitier de suivi de la consommation et une application mobile dédiée. Les solutions technologiques diffèrent selon les fournisseurs mais le principe reste le même : un boitier, installé sur le compteur, va mesurer la consommation du foyer en se basant sur l’affichage de consommation du compteur : clignotement de la LED sur les compteurs électroniques ou indicateur de rotation sur les compteurs électromécaniques. Cette information est ensuite transmise via un boitier à un serveur et peut être consultée via une interface web ou une application mobile par le client.
Par ce moyen, le client a directement accès à ses consommations en kilowattheures et en euros de façon quasi instantanée et avec un pas de temps très court (~15 minutes). Ce suivi permet ainsi au consommateur d’agir de façon réactive sur ses habitudes de consommations et ainsi de réduire sa facture. En effet, une expérimentation[v] menée à Biot (06) en 2011-2012 a étudié l’impact du type et de la durée dans le temps de feedbacks de consommation sur les comportements des foyers étudiés. Cette expérimentation a montré que la possibilité de suivre en temps réel la consommation d’électricité permettait une réduction de celle-ci jusqu’à 23% en favorisant le changement de comportement des consommateurs.
Ce suivi en temps réel est aussi une opportunité pour les fournisseurs pour proposer de nouvelles offres adaptées aux modes de consommation de leurs clients et permettre de se démarquer de leurs concurrents sur un marché aujourd’hui très concurrentiel. Ainsi, EDF, Direct Energie et ENGIE se sont déjà lancés avec des offres proposant de nouveaux créneaux d’heures creuses la nuit ou le week-end pour les clients équipés de compteurs Linky. Seul Engie propose aussi cette offre aux clients non Linky via son boitier connecté. Sur un autre axe, Plüm reverse à ses clients, sous la forme d’une cagnotte, une prime lorsqu’ils consomment moins que leur consommation de référence. C’est une incitation directe aux économies d’énergie.
Enfin, pour les consommateurs, au-delà de la prise de conscience et du changement des habitudes de consommation d’énergie, le suivi en temps réel ouvre la voie pour un contrôle automatisé de la consommation. D’un côté, toute une nouvelle gamme de produits domotiques, destinés à optimiser les consommations d’énergie, émerge depuis quelques années. Nest, racheté en 2014 par Google est peut-être le plus connu et propose un thermostat intelligent qui apprend des habitudes des utilisateurs pour adapter la température dans leur logement. Il est parfois même directement proposé par les fournisseurs d’énergie en marge de leurs offres. Sowee, filiale d’EDF, fait le pont entre l’énergie et l’IOT en fournissant une offre d’énergie avec son propre thermostat connecté. Les acteurs de la domotique proposent aussi des objets connectés en lien avec la maitrise de la consommation d’électricité : prises, ampoules, volets ou commutateurs pour commander les équipements électriques... Si cet aspect du marché est pour le moment peu développé (8% du marché de l’IOT)[vi], l’arrivée des grands noms du web avec leurs assistants connectés (Google avec google home, Apple avec Siri et Apple home, Amazon avec Alexa), proposant chacun leur solution pour piloter les matériels connectés et de nouveaux modèles d’affaires liés à un écosystème de services ou de produits, pourrait changer la donne.
D’un autre côté, une fois l’interface réalisée entre la domotique et Linky (ou autres solutions de mesure instantanée de la consommation d’électricité) ces systèmes intelligents permettront alors un pilotage fin de la consommation pour maitriser les consommations inutiles ou inadaptées. A titre d’exemple, Nest indique que l’utilisation de son thermostat intelligent permet une économie comprise entre 10,1% et 16,5% de la consommation d’énergie d’un foyer en France[vii].
La collecte des données liées à la consommation d’énergie des clients va ainsi aller croissant, avec des axes de développement différents : donner une meilleure compréhension de leur consommation aux clients, créer de nouvelles offres adaptées aux usages (véhicules électriques, heures creuses WE…) et profiter de la diffusion d’objets connectés permettant aux usagers d’agir sur leur consommation mais aussi, pourquoi pas d’adapter leur consommation en fonction des tensions du réseau électrique.
[i] Journal officiel de la République française (JORF)
[ii] ADEME - Habitation chauffage climatisation électricité
[iii] Répartition de la consommation
[iv] LégiFrance - Décret n° 2017-976 du 10 mai 2017
[v] Adnane Kendel. Smart Meter, Feedback et maîtrise de la consommation électrique : Le cas du secteur résidentiel dans la commune de Biot - Alpes Maritimes. Economies et finances. Université Nice Sophia Antipolis, 2015
[vii] Comprendre comment les thermostats Nest vous aident à économiser de l'énergie