La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Paiement mobile, Selfie Pay, paiement biométrique, monnaie électronique,… nombreuses sont les alternatives au paiement par carte bancaire. Alors que la tendance du numérique est lancée, certains prédisent une obsolescence inévitable de la carte bancaire.
L’utilisation de la carte bancaire ne cesse de progresser depuis les années 2000 et enregistre une hausse de 8% en moyenne par an. Elle détient d’ailleurs une place prépondérante dans les paiements : en 2016, elle atteint un record historique d’utilisation, avec 66,5 millions de cartes bancaires en circulation en France et 10,6 milliards de paiements par carte. Elle est aujourd’hui le premier moyen de paiement utilisé en France.
La carte bancaire étant le moyen de paiement préféré des français, les banques traditionnelles continuent de développer ce support. Elles proposent de nouveaux services innovants qui allient nouveautés, praticité et paiement, et, surtout, favorisent une expérience utilisateur positive et agréable. La Société Générale par exemple, a lancé en novembre 2016 une carte cryptodynamique afin d’améliorer la sécurité des paiements sur internet. Le cryptogramme, ou code de sécurité, est interactif et change toutes les heures. En juin dernier, plus de 150 000 clients Société Générale l’avaient déjà adoptée.
Mais les banques traditionnelles ne jouissent plus du monopole qu’elles détenaient. De nouveaux acteurs, financiers ou non, proposent eux aussi des cartes de paiement :
Lydia, leader du paiement instantané par application mobile entre particuliers, propose désormais une carte de paiement pour quelques euros par mois. Cet enrichissement d’offres de la part d’une Fintech innovante démontre l’importance et la pérennité de la carte bancaire.
1. Elle est omniprésente
2. Elle est sécurisée
3. Elle est plébiscitée par l’UE
A l’heure où la sécurité de nos données personnelles et financières est au centre des préoccupations des utilisateurs, la carte bancaire représente un des moyens de paiement les plus sécurisés. Elle inspire d’ailleurs un sentiment de sécurité. D’après l’Observatoire de la Sécurité des Cartes de Paiement (OSCP), ce sentiment se justifie notamment à travers des taux de fraude historiquement bas (0,037% en 2016) pour les paiements par carte réalisés en France. Depuis la 3ème année consécutive, ces taux sont en baisse, soulignant un effort entrepris afin de sécuriser les transactions par carte. Le sans-contact, quant à lui, est tout aussi sûr comme le démontre la faiblesse du taux de fraude en 2016 (0,020%).
L’Union Européenne, quant à elle, a démontré une volonté de favoriser les moyens de paiement rapides et accessibles. Depuis l’application du règlement européen du 9 juin 2015, elle plafonne les commissions d’interchange de paiement (CIP) à 0,3% de la valeur de la transaction pour les cartes de crédit, et à 0,2% pour les cartes de débit. Ces frais d’interchange sont réglés entre banques : la banque du commerçant verse une commission à la banque du porteur de la carte bancaire. La baisse des CIP entraîne une diminution des coûts pour les paiements par carte bancaire pour le commerçant. L’acceptation des cartes de paiement pour les petits montants est donc ainsi favorisée.
Deux nouvelles mesures permettent également d’encourager les paiements par carte bancaire : le paiement sans contact (ou NFC) et les terminaux de paiement électronique (TPE) innovants. Depuis le 1er janvier 2016, les TPE nouvellement installés chez un commerçant sont équipés de la fonction sans contact. Cette fonction encourage les paiements par carte bancaire notamment parce qu’ils deviennent plus rapides et plus pratiques. De plus, des TPE innovants (ou mPOS), tels que Square ou Izettle, permettent d’accepter le paiement par carte bancaire sur n’importe quel dispositif (téléphone portable, tablette,…). Les petits commerçants ou les artisans itinérants qui, jusqu’alors, acceptaient seulement les paiements en monnaie, peuvent maintenant se tourner vers les paiements par carte bancaire.
Deux types d’alternatives à la carte bancaire fleurissent de plus en plus : celles qui font de l’ombre au support et celles qui remplacent l’essence même de la carte.
Dans le premier cas, les alternatives utilisent la puce de la carte et/ou les codes d’identification mais pas le support même de la carte. Par exemple, pour réaliser un paiement par objets connectés, la puce de la carte va être ajoutée au « device » (montre, porte-clés,…). La carte bancaire peut aussi être enregistrée sur des applications pour tous paiements mobiles (Paylib), instantanés (Lydia, Visa Direct) ou en ligne (Paypal).
Dans le deuxième cas, les nouveaux moyens de paiement remplacent à la fois le support et la nature de la carte bancaire. Par exemple, le virement instantané, ou Instant Payment (IP), a été initialement proposé en novembre 2017 par une poignée de banques sur la zone SEPA, et sera plus certainement généralisé sur 2018. Il permettra de faire passer la durée d’un virement interbancaire de 24h-48h à 10 secondes en France et à 5 secondes en Belgique.
L’IP a le potentiel de révolutionner les habitudes de paiement en proposant aux consommateurs un nouveau moyen de paiement en temps réel similaire à la carte, mais en connectant directement le compte bancaire du client à celui du commerçant. Son appropriation par le grand public semble inévitable et ce pour deux raisons principales. La première étant que la technologie nécessaire existe déjà sous la forme du peer-to-peer ou du m-paiement, et la seconde que la démocratisation du mobile comme moyen de paiement est bel et bien amorcée (avec l’utilisation d’un moyen simple : le numéro de téléphone permettant de payer en temps réel).
Ainsi l’IP peut s’imposer comme l’alternative au paiement par carte et se révéler être une solution bien plus économe pour l’utilisateur. Néanmoins, il suscite des inquiétudes quant à la capacité des banques commerciales à absorber une baisse des commissions liées à la carte. Sachant qu’en 2015, la part des commissions totales (bancassurance, moyens de paiements, ressources à taux réglementés,…) dans le PNB de l’activité de banque de détail en France approchait les 40 %(une partie importante provenant des activités monétiques), les acteurs de la place se doivent de faire évoluer leur modèle de revenus.
Sur le plan réglementaire, la directive des services de paiement (DSP2) permettra l’initiation d’un ordre de paiement directement à partir des comptes du payeur détenus auprès d’un Prestataire de Services de Paiement (PSP).
Avec la montée d’alternatives de moyens de paiement, la réglementation DSP2 et l’Instant Payment, toutes les conditions sont réunies pour que l’usage de la carte diminue.
En revanche, à court et moyen terme, l’essence même de la carte n’est pas amenée à s’éteindre et a encore du chemin à parcourir. Les alternatives, et en particulier le paiement mobile, vont se généraliser sur le marché dans les années à venir. Elles vont se baser sur la nature de la carte pour continuer d’exister. Son numéro de code, pour les paiements mobiles et en ligne, et sa puce matérielle, utilisable sur d’autres dispositifs, représentent deux fortes démonstrations de la pérennisation de l’essence de la carte. La Fintech californienne Marqeta illustre parfaitement cette tendance avec son service de création de cartes bancaires virtuelles spécifiquement pour les applications mobiles de paiement.
Pour faire écho aux trois objectifs principaux de la stratégie nationale sur les moyens de paiement, les acteurs existants et nouveaux devront répondre aux attentes des utilisateurs, renforcer la sécurité des moyens de paiement et toujours plus innover. Innover, en proposant par exemple une application qui centraliserait et recenserait tous les sites et applications où la carte est enregistrée afin de faciliter l’expérience client. Anticiper, notamment les transitions aux autres supports de paiement en développant de nouvelles offres liées à ceux-ci. Prédire et prévoir de nouvelles alternatives, en approfondissant le paiement via l’IP ou par numéro de téléphone.