La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Nous avons interviewé le Directeur Général France de N26, Jérémie Rosselli, qui nous présente, d’un point de vue très tranché, l'originalité de l’offre de N26, le positionnement de la célèbre Fintech vis-à-vis des réglementations, ainsi que les spécificités du marché français.
N26 est une néobanque berlinoise, lancée en 2015 en Allemagne, qui offre depuis début 2017 ses services en France. Précurseur et innovante, elle propose une ouverture de compte bancaire simplifiée et complète, depuis son smartphone, en seulement 8 minutes. Elle offre également des paiements à l’étranger sans frais, peu importe la devise.
Quelle est votre valeur ajoutée, ce qui vous différencie de la concurrence ?
La valeur ajoutée de N26 est l’expérience client. Historiquement, l’expérience bancaire est associée à une expérience négative. En donnant le contrôle de leurs finances directement aux utilisateurs depuis leur mobile, N26 en fait une expérience simple et intuitive. Nous sommes reconnus comme la référence en la matière.
Comment vous positionnez-vous par rapport aux banques traditionnelles ? Et par rapport aux banques en ligne et néobanques ?
Vous avez d’un côté les banques traditionnelles telles que nous les connaissons avec leur paperasse, leurs agences et leurs conseillers qui changent tous les 18 mois. Ensuite, vous avez les banques en ligne. Elles représentaient une innovation il y a 10 ans. Elles sont toutes sans exception rentrées dans le giron de banques traditionnelles et sont devenues un simple canal de distribution. Au passage, elles ont oublié d’innover et d’écouter les clients.
À l’inverse, N26 s’appuie sur les dernières technologies pour proposer une expérience unique à ses clients. Vous pouvez ainsi ouvrir simplement un compte depuis votre canapé et sans paperasse, un dimanche après-midi. Nous sommes également l’une des seules banques de plein exercice, contrairement à la majorité des autres “néobanques”. Cela permet à N26 de pouvoir proposer l’ensemble des produits financiers qu’un client attend de sa banque.
Quelles sont vos sources de revenus ?
N26 a les mêmes sources de revenus qu’une banque traditionnelle. Nous gagnons de l’argent grâce aux commissions d’interchange, aux moyens de paiement comme N26 Black qui offre un ensemble d’avantages pour 5,90 € par mois, et enfin grâce aux produits financiers. Nous proposons par exemple en France des crédits à la consommation avec Younited Credit. En Allemagne nous proposons déjà des produits d’épargne et d’investissement.
Avez-vous rencontré des problèmes, avec le Régulateur notamment, lors du déploiement en France de votre onboarding process ? Comment gérez-vous les aspects réglementaires tels que le KYC ou l’AML ?
Nous travaillons, comme n’importe quelle banque, de façon régulière avec les différents régulateurs en Europe et tout se passe bien.
Quelle est votre position vis-à-vis de la DSP2, notamment sur le partage d’APIs / l’open banking et les notions d’authentification forte ?
La DSP2 va modifier en profondeur et durablement le paysage bancaire. C’est pour nous une très belle opportunité qui, au final, bénéficiera aux clients. Pour une banque traditionnelle, c’est non seulement un challenge technologique mais surtout une perte de contact avec les clients, domaines dans lesquels N26 excelle...
Comment est-ce que vous abordez la GDPR ?
C’est une bonne initiative qui protège encore plus les clients et nous en sommes ravis. Comme la DSP2, cela peut être un challenge pour une banque traditionnelle. Pour nous, la mise en œuvre est plus facile.
Vous avez, depuis 2016, votre propre licence bancaire. Quels sont les avantages liés ?
Les avantages sont évidents. Nous sommes plus agiles pour mettre en œuvre nos projets. Par ailleurs, cela fait également un intermédiaire de moins à rémunérer, ce qui nous permet d’en faire bénéficier les clients.
Quel est votre statut juridique en France (licence bancaire UE) ? Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’être un établissement de paiement ?
En France, nous sommes “passeportés” au titre de la Libre Prestation de Services.
En France, vous proposez un compte bancaire ainsi que du crédit. Allez-vous, comme en Allemagne, offrir prochainement des possibilités de découvert, de l’investissement et de l’assurance ?
N26 est présent dans 17 pays, et va se lancer cette année en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Effectivement, en Allemagne, nous proposons le découvert, l’investissement, l’épargne, le crédit, l’assurance… À terme, nous souhaitons proposer ces produits sur l’ensemble de nos marchés. Nous avons d’ailleurs commencé en France avec une offre de crédit lancée en décembre dernier.
Avez-vous vocation à développer votre offre sur le segment des professionnels, c’est-à-dire en y ajoutant des offres comme l’affacturage, la gestion des notes de frais, etc... ?
La demande pour une offre tournée vers les professionnels est très forte. Nous avons d’ailleurs déjà lancé le compte N26 Business qui s’adresse aux auto-entrepreneurs. Nous avons pour le moment déjà beaucoup de projets B2C mais il n’y a pas de raison pour que N26 ne propose pas des services pour les professionnels dans le futur.
Vous proposez le paiement Apple Pay depuis octobre 2017, quels sont les éléments qui ont motivé cette décision ?
La décision de proposer Apple Pay a été motivée par nos clients avant tout. N26 est une banque mobile, il est donc logique d’offrir la possibilité de payer directement avec son smartphone.
Comment adressez-vous le marché français ? Quelles sont les différences de produits et de déploiement par rapport à l’Allemagne ? Remarquez-vous des différences avec le marché allemand ?
N26 est une banque globale mais avec une compréhension locale. La plupart des marchés européens comme la France et l’Allemagne sont très similaires. Les banques traditionnelles ont très peu innové et les taux de pénétration et d’utilisation des smartphones ont bondi. Les usages s’uniformisent également au niveau européen. L’approche et de nombreux produits sont similaires. C’est par exemple le cas pour N26 Black ou Transferwise.
Nous adressons le marché français en prenant en compte également ses spécificités. Les différences existent entre la France et l’Allemagne. Les Français ont le réflexe de demander un RIB imprimé ; les Allemands ont l’habitude de recopier leur IBAN pour remplir les formulaires. En Allemagne, l’analyse de solvabilité des clients (credit scoring) est centralisée dans une base appelée “Schufa”. Il n’y a pas d’équivalent français. Cependant, cela ne nous empêche pas de proposer du crédit grâce à un acteur local (Younited Credit).
Quel est votre nombre d’inscrits en France pour le moment ? Quel est votre objectif et à quel terme ?
Lancée fin janvier 2017, N26 a passé le cap des 200 000 clients en janvier 2018. Notre objectif est de continuer à croître encore plus vite et de faire connaître la banque mobile.