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Détenant un parc vieillissant et une nouvelle technologie de réacteur en construction, l’entreprise EDF met en place une stratégie sur-mesure afin de participer à la course mondiale au nucléaire et répondre aux attentes du gouvernement français et de l’Autorité de Sûreté Nucléaire.
Aujourd’hui dans le monde, près de 450 réacteurs nucléaires sont en exploitation et une dizaine en construction. La France, par le biais de son unique exploitant nucléaire et de ses 58 réacteurs, a accumulé près de 2000 années-réacteur d’expérience.
58 réacteurs pour 63,13 GWe de puissance installée
Produisant 71,7% de son électricité à partir de l’énergie nucléaire en 2018, la France possède le 2ème parc de production mondial, après les Etats-Unis (99 réacteurs américains produisant 98,7 GWe, pris en charge par différents exploitants).
Une seule technologie – Une même licence – Un unique exploitant
Pour avoir développé l’ensemble de son parc de Réacteurs à Eau Pressurisée (REP) sous la même licence, Framatome a permis à EDF de bénéficier de « l’effet Parc » en décentralisant les unités d’ingénierie, en standardisant les processus d’exploitation, de maintenance et l’approvisionnement en pièces de rechange et en capitalisant d’importants retours d’expérience.
EDF mise sur le Grand Carénage pour allonger la durée d’exploitation de ses centrales nucléaires
Le parc nucléaire français a été conçu pour une durée d’exploitation d’au moins quarante ans. Néanmoins, certaines centrales françaises sont amenées à fêter leur 40ème anniversaire dans les prochaines années. L’Autorité de Sûreté Nucléaire se prononcera sur l’extension de dix ans de la licence d’exploitation de ces centrales, à l’issue de leur quatrième visite décennale (VD4).
Pour préparer ces visites, EDF a lancé un programme de Grand Carénage, s’étendant de 2014 à 2025, visant à moderniser les installations via la rénovation ou le renouvellement de composants importants ou par le biais de maintenances courantes[i]. A la suite de l’accident en 2011 de la centrale de Fukushima, EDF a intégré au Grand Carénage des travaux pour compléter la robustesse de ses installations, tels que la construction d’un centre de crise local ou la mise en place d’un diesel d’ultime secours.
Le réacteur Tricastin 1 a ainsi lancé, en juin 2019, le peloton de départ des VD4.
De l’autre côté de l’océan, six réacteurs nucléaires américains ont déposé auprès de la Nuclear Regulatory Commission des demandes d’extension de vingt ans de leur licence d’exploitation, préalablement prévue pour soixante ans[ii].
Un démantèlement retardé de 10 ans et formalisé dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie
Annoncée dans le Plan Climat 2017 de Nicolas Hulot, la projection à 2025 d’un mix énergétique français composé à 50% de nucléaire semble aujourd’hui fortement compromise[iii]. En 2019, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie prévoit l’arrêt définitif de 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035 pour atteindre ce même pourcentage[iv].
Les arrêts de Fessenheim 1 et 2 ont été respectivement fixés pour février et juin 2020[v]. Ces deux réacteurs rejoignent les neuf réacteurs EDF déjà en cours de déconstruction[vi].
Une construction éprouvante pour l’EPR français
La construction du premier EPR français, Flamanville 3, a été lancée en 2006, pour un budget initial de 3 300 M€ et une durée de 54 mois.
Depuis, elle a été marquée par un certain nombre d’incidents : des difficultés de soudage et de qualification, un accident mortel sur le chantier, des critères initiaux non satisfaits, la fissuration du béton du radier ou encore la non-atteinte des exigences de haute qualité attendue sur des soudures.
Ainsi, en 2019, la construction encourt un retard de 10 ans et son budget a été multiplié par 4 par rapport à 2006[vii].
Les deux premiers réacteurs EPR mis en service sont chinois
Taishan 1 et Taishan 2, ont été mis en service commercial à la fin 2018 et en septembre 2019. Leur construction est issue d’une joint-venture, TNPJVC, dont EDF est actionnaire à 30%. En 2019, Taishan et Flamanville 3 ont renouvelé pour la neuvième année consécutive leurs accords de coopération[viii].
Trois EPR supplémentaires sont en construction en Europe
Il s’agit d’Olkiluoto 3 en Finlande et de deux réacteurs au Royaume-Uni sur le site d’Hinkley Point C. Les constructions de ces réacteurs rencontrent, elles aussi, un certain nombre de difficultés. Par exemple, la durée de construction d’Olkiluoto 3, initialement prévue en 2003 pour 4 ans, a été retardée de 10 ans et 9 mois.
Un état des lieux réalisé par Lila Huet
Sources et Notes :
[i] Dossier de presse 2019 de la centrale nucléaire du Tricastin, 2019 - Lien
[ii] Site de la United States Nuclear Regulatory Commission, Status of Subsequent License Renewal Applications, 10 décembre 2018 - Lien
[iii] Article du gouvernement français, Des mesures pour réduire la part du nucléaire à 50% à l’horizon 2025, 2017 – Lien
[iv] Synthèse de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie du ministère de la transition écologique et solidaire, 2019 – Lien
[v] Note d’information, Mise en arrêt des réacteurs de Fessenheim, 27 septembre 2018 - Lien
[vi] Dossier pédagogique sur le démantèlement des installations nucléaires, 07 février 2018 - Lien
[vii] FOLZ Jean-Martin, Rapport au Président Directeur Général d’EDF – La construction de l’EPR de Flamanville, octobre 2019 - Lien
[viii] Dossier de presse 2019 de la centrale nucléaire de Flamanville, 2019 - Lien