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Dans un contexte de taux bas et de volatilité faible sur le marché des capitaux en 2018, les résultats annuels des banques de financement et d’investissement françaises - BFI (Société Générale, Crédit Agricole, BNPP et BPCE – Natixis) sont à la baisse par rapport à 2017.
On note -2% en Produit net Bancaire (34,6 Md€ en 2018) et -6% de résultats avant impôts (9 Md€ en 2018). Sur la même période, le coefficient d’exploitation moyen monte de 3 points tandis que le coût du risque est divisé par deux.
Deux acteurs tirent néanmoins leur épingle du jeu : Crédit Agricole CIB parvient à dégager une croissance de revenus de 6% tout en abaissant son coefficient d’exploitation d’un point. CACIB a su poursuivre avec succès le développement stratégique de ces activités de financements structurés à l’échelle mondiale [1]. Fort de ses activités de financement et de Cash Management, Natixis parvient à accroître son volume d’affaires de 2% à hauteur de 9,6Md€ en 2018 tout en maitrisant ses coûts d’exploitations qui n’augmentent que d’un point et en diminuant son coût du risque de 17% (215M€ en 2018) [2].
Au contraire, la BFI de la Société Générale fait face, pour la deuxième année consécutive, à une baisse du PNB de 4% passant sous la barre de 9Md€ à 8,8Md€ en 2018, en raison notamment d’une moindre performance de ses activités de marchés. Avec un coefficient d’exploitation de 82%, la Société Générale a la plus faible performance en matière de gestion des coûts [3].
Enfin, BNPP CIB rencontre le plus de difficultés en 2018 avec un PNB en recul de 7%, s’abaissant à 10,8Md€, pénalisé en outre par une faible performance de leur activité de marché. Malgré une diminution d’un point de ses frais de gestion, le coefficient d’exploitation de la banque s’alourdit ainsi de 4 points sur l’année [4].
On remarque tout de même une tendance à la hausse des performances commerciales des BFI françaises sur le Q1 2019, avec une augmentation des revenus générés de 3% à 6% par rapport au Q1 2018, en fonction des acteurs.
Les BFI françaises poursuivent la recherche d’une meilleure rentabilité par la refonte de leur organisation, des business models et de la relation clients dans un contexte règlementaire de plus en plus restrictif.
La rationalisation des coûts, notamment via le near-shore des activités, la refonte des systèmes d’information et l’optimisation des RWA ;
L’amélioration de l’expérience client en digitalisant les parcours clients dès l’entrée en relation et tout au long du cycle de vie des entreprises ;
La mise en conformité des activités en lien avec les règlementations existantes et à venir (GDPR, Brexit, Monetary Indexs, EMIR II)
On constate deux types de stratégies dans l’écosystème français :
À noter que l’orientation entre la croissance et la réduction des coûts est intimement liée à l’exposition des activités de la banque (plutôt financement ou investissement) aux règlementations bancaires et au coût de la conformité associé.
À titre d’exemples, les budgets alloués au cours des dernières années à la mise en conformité GDPR des BFI françaises passent du simple au triple en fonction des acteurs. Les banques fortement implantées au Royaume-Uni consacrent beaucoup plus d’énergie dans la réallocation de leur activité en Europe en lien avec le contexte de Brexit. Aussi, la réforme des index impacte de façon inégale les BFI françaises en fonction de leur proportion de contrats adossés à l’Euribor / EONIA. Enfin, les banques avec une part plus importante de produits dérivés accorderont une attention accrue aux efforts de reporting à mettre en place dans le cadre d’EMIR II.
On retrouve ces deux types de stratégies en observant les objectifs définis dans les plans stratégiques à horizon 2020 des BFI françaises, laissant envisager des résultats optimistes pour certaines ou plus prudentes pour d’autres :
BNP Paribas CIB a pour objectif d’augmenter de ~ +4.5% ses revenus d’ici 2020 ;
Natixis (Groupe BPCE) cible une croissance de ses revenus à ~ +5% d’ici 2020 ;
Le Groupe Société Générale vise une croissance annuelle moyenne ~ +3% entre 2016-2020 ;
CACIB cible une augmentation de ses revenus aux alentours de ~ +2% d’ici 2019.
En conclusion, les futures performances des BFI françaises dépendront de la réussite de leurs transformations. Il faudra piloter ingénieusement entre investir pour une meilleure expérience client en s’appuyant sur la digitalisation et maîtriser les coûts et l’efficience opérationnelle dans un contexte de respect des règlementations inhérentes à chaque banque.
[1] Document de référence Crédit Agricole SA 2018
[2] Document de référence BPCE 2018
[3] Document de référence SG 2018
[4] Document de référence BNPP 2018