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En 2009, les principales banques françaises – BNP Paribas (BNPP), BPCE, CM, Groupe Crédit Agricole (GCA), La Banque Postale (LPB) et Société Générale (SG) - parvenaient à générer plus de 203 bps (145 721 M€) de Produit Net Bancaire (PNB) pour un bilan total de 6 554 253 M€.
En 2017, ce ratio est tombé à 200 bps avec un bilan total géré de 7 303 074 M€ selon les analyses de l’Observatoire des Banques de Sia Partners.
Au-delà de cette baisse de performance commerciale liée notamment à une faible volatilité des marchés qui a pénalisé les revenus des activités de marchés des capitaux, le poids des composantes du PNB a changé entre 2009 et 2017. Ainsi, comment a évolué la répartition des différentes sources des revenus nets des banques françaises ?
La Marge nette d’intérêt (MNI) – liée à la fonction classique d’intermédiation financière - reste la principale composante du PNB des banques françaises entre 2009 et 2017. Toutefois, le poids qu’elle représente a graduellement diminué d’environ 10 points entre 2009 et 2017. En effet, tandis que la MNI représentait 57,73% du PNB en 2009, elle n’en représentait plus que 47,67% en 2017, et ce malgré un rebond en 2011 (55,78% du PNB). Cette baisse continue après 2011 est notamment liée au contexte de taux bas.
Au-delà de cette baisse du poids de la MNI dans le PNB, la plupart des banques de l’échantillon connait une baisse de la MNI en termes absolus entre 2010 et 2017. Il est à noter que cette baisse varie d’une banque à l’autre, qu’elle n’est pas linéaire et qu’elle a d’ailleurs pu être entrecoupée de hausses plus ou moins ponctuelles comme il est possible de le constater dans la partie 2 du tableau présenté ci-dessus. Par ailleurs, en 2017, le Groupe Crédit Agricole est la banque pour laquelle la composante MNI a le poids le plus important : elle représente plus de 61% de ses revenus nets en 2017 (légère baisse par rapport à 2016, la MNI représentait un peu moins de 63%) contre seulement 43% pour la Société Générale et ce, malgré une augmentation de 6 points par rapport à 2016, représentant 37% de ses revenus nets en 2016. A noter, malgré une baisse du poids de la MNI dans le PNB pour Crédit Mutuel, passant de 41% en 2016 à 40% en 2017, la MNI en termes absolus a augmenté sur cette période de + 224 M€.
Le poids des commissions reste assez stable entre 2009 et 2017, passant de 30,1% à 30,5%, avec une baisse en 2016 à 29,1%, mais une augmentation des commissions nettes en termes absolues de +2,3 Mds€ entre 2016 et 2017.
Il est à noter que malgré le plafonnement des commissions d’intervention bancaire en 2014, le volume des commissions a augmenté entre 2013 et 2017 de 2,5 points (5 057 M€) – ce qui confirme la diversité des sources des commissions. Cela est notamment dû à la bonne collecte de l’assurance vie et la résistance des financements spécialisés moins sensibles aux variations de taux de la BCE, ainsi qu’au contexte plus général de taux bas, laissant place à une vague de renégociation de prêts générateurs de frais sur service.
Ainsi, entre l’année 2016 et 2017, une hausse du poids des commissions nettes dans le PNB ainsi qu’en termes absolus est à noter pour toutes les banques de notre analyse, augmentant de 1,4 points, passant à 30,48% du PNB au global. En effet, les commissions nettes à la BPCE représentent 9,4 Mds€ en 2017, soit une hausse de + 670 M€ par rapport à 2016, avec un poids sur le PNB d’un peu moins de 40%, en hausse également de +3,5 points par rapport à 2016. De même, le Groupe Crédit Agricole a vu ses commissions nettes augmenter de +939 M€, atteignant 9,7 Mds€ en 2017 ; le poids des commissions nettes sur le PNB est passé de 28,82% en 2016 à 30,24% en 2017. A noter que la Banque Postale est l’acteur de notre échantillon dont le poids des commissions dans le PNB est le plus important : 43% des revenus nets en 2017.
Le poids des résultats sur opérations financières (ROF) - liées aux activités de marché et d’investissement (titres, change, dérivés…), produisant plus ou moins-values et marges de négociation - a augmenté de manière significative entre 2009 et 2017. En effet, il est passé de 8,23% à 16,23% (27 477 M€), après une baisse notable en 2011 (4,5% du PNB, à 6 434 M€). Par ailleurs, il est à retenir que sur la période 2016-2017, les revenus sur les opérations financières ont augmenté de +1,4Mds€ et que le poids de ces revenus dans le PNB a augmenté de +0,7 point. Cette progression générale s’explique par deux principaux phénomènes : d’une part, ces revenus sont cycliques, directement liés aux conditions de marché (actions, taux d’intérêts, matières premières et devises) plus favorables en 2017 qu’en 2009, et d’autre part la tendance baissière de la MNI et la relative stagnation des commissions engendrent mécaniquement une hausse du poids des ROF dans le PNB.
Avec 24% du PNB issus des ROF en 2017, la Société Générale et le Groupe Crédit Agricole constituent les banques dont les revenus nets dépendent le plus de leurs activités de marché. Cependant, la variation entre 2016 et 2017 pour ces 2 banques est différente. Ainsi, la Société Générale a connu une baisse de ROF de -1,3 Mds€, diminuant ainsi son poids sur le PNB de 3,9 points. Tandis que pour le Groupe Crédit Agricole, ses revenus sur les opérations bancaires ont augmenté significativement de +3,1 Mds€, augmentant ainsi son poids sur le PNB de 9 points. Notons que La Banque Postale constitue l’acteur le moins générateur de revenus nets liés à ses opérations financières avec 5% de son PNB en 2017 (270 M€).
Les modèles économiques des banques évoluent lentement mais sûrement : la part des commissions fait mieux que se maintenir dans les revenus des champions français. « Au total, le poids des commissions dans le PNB présente une bonne résistance malgré le plafonnement des commissions d'intervention bancaire » souligne déjà Yves Grégoire dans le journal Les Echos en 2017.
En effet l’arrivée de nouveaux acteurs, notamment dans l’univers des paiements (Lendix, Revolute) et de la tenue de compte (Orange Bank, N26…) représente une menace pour les sources de revenus des banques traditionnelles liées aux commissions. En intégrant nouvelles technologies et infrastructures légères, ces nouveaux acteurs proposent des services aux tarifs concurrentiels avec une expérience client renouvelée et simplifiée.
Depuis 2014, les taux négatifs appliqués sur les facilités de dépôts des banques par la BCE ont modifié la manière de gérer la liquidité et la stratégie commerciale des banques. Ainsi, depuis 2016, les frais de tenue de compte sont devenus communs à toutes les banques françaises. N’est-il pas un moyen de diminuer les effets des taux négatifs ? La hausse des taux semble incertaine dans un futur proche. Comment les banques vont-elles réagir face à la prolongation des taux négatifs ? Par ailleurs, notons que la hausse potentielle à venir des taux de la BCE peut représenter une nouvelle source de marge d’intérêt pour les banques, notamment si elle se traduit par une accentuation du spread entre le refinancement à court et à long terme. Reste à déterminer comment les banques s’adapteront à la situation inédite que représente ce scénario.
« Dans l'ensemble, la période est de fait marquée par un tassement relatif des revenus nets d'intérêts, alors que les autres types de revenus (commissions, plus-values financières...) tendent à progresser. Mais dans le détail l'autopsie de ces résultats montre de fortes différences entre les modèles de développement, et dans leur évolution » souligne Yves Grégoire dans le journal Les Echos en 2017.