La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Le secteur de l’eau, au même titre qu’onze autres (énergie, alimentation…), est considéré comme secteur d’activité d’importance vitale (SAIV) pour le pays et doit s’organiser pour maintenir l’activité en cette période de crise.
Les deux postes principaux de consommation de l’eau étant la production d’énergie (56%) et l’alimentation en eau potable (15%)[i], la consommation quotidienne d’eau en France ne devrait pas baisser significativement malgré le ralentissement économique.
Les opérateurs de réseau d’eau se doivent donc de poursuivre leurs missions principales que sont la continuité du service et la garantie de la qualité de l’eau, alors que de nombreux questionnements existent sur les modes de propagation du virus.
Concernant la qualité de l’eau, le message du gouvernement - relayé par un certain nombre d’opérateurs - est clair : « la contamination par ingestion d’eau potable n’est pas une voie de transmission avérée » (communiqué du Syndicat des Eaux d’Ile de France, 4 millions d’usagers).
Les opérateurs rappellent également que les traitements existants sur l’eau, en particulier les étapes d’ozonation, chloration et désinfection par ultra-violets, permettent d’éliminer tous les virus.
Enfin, l’eau est l’aliment le plus contrôlé de France. Afin d’être considérée comme propre à la consommation, l’eau doit répondre à plus de 70 critères de qualité.
La production (et donc les traitements et contrôles réalisés sur l’eau) et la distribution de l’eau représentent ainsi près de 40% du prix moyen de l’eau, 3,98 € / m3 [i].
Les plus grands opérateurs de réseau d’eau français (Veolia Eau, Suez, la Saur, Eau de Paris…) ont tous communiqué ces derniers jours pour rassurer sur le maintien de leur activité et l’absence de risque de coupure d’eau, notamment pour les 13 000[ii] services d’eau potable existants en France. Mais la crise implique de mettre en œuvre une nouvelle organisation pour parer à l’absentéisme et protéger le personnel en activité.
Les opérateurs déclenchent tous leurs plans de continuité d’activité prévus pour faire face à ce type de crise. Ainsi, Veolia Eau a indiqué avoir mis en place un système de rotation des équipes. Les opérateurs assurent également être en capacité de maintenir le service avec des équipes fortement réduites : côté Eau de Paris, un quart des effectifs serait mobilisé pour assurer le service minimum tandis que du côté de la Saur, ils sauraient faire face à 50% d’absentéisme.
Dans tous les cas, ils se concentreront sur les activités essentielles et urgentes, notamment liées au bon fonctionnement des 996 000 km[iii] de conduites du réseau français de distribution d’eau potable. Veolia Eau annonce par exemple un service dégradé (temps d’attente et de traitement allongé) du côté de ses services clients, ou encore des horaires d’ouverture d’agence réduits (Grand Lyon, 1,3 millions d’usagers).
La forte mobilisation du secteur et la poursuite des activités cœur de métier permettront donc de maintenir un approvisionnement en eau de qualité, au service de tous et de la lutte contre la propagation du virus.
Une analyse de Marine Watremez
[i] Eau France, 2014
[ii] SISPEA, Observatoire des services publics et d’assainissement, 2016
[iii] Eau France, 2013