La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Pierre Noizat est le CEO et cofondateur de Paymium et de Blockchain.io, deux plateformes d’échanges de cryptomonnaies. Ingénieur diplômé de l’école Polytechnique, il découvre la technologie Bitcoin en 2009 et décide en 2011 de créer la société Paymium.
Pierre Noizat est le CEO et cofondateur de Paymium et de Blockchain.io, deux plateformes d’échanges de cryptomonnaies. Ingénieur diplômé de l’école Polytechnique, il découvre la technologie Bitcoin en 2009 et décide en 2011 de créer la société Paymium, l’une des premières plateformes d’échanges de Bitcoin au monde. Auteur (“Bitcoin, mode d’emploi”) et conférencier, il nous présente dans cette interview sa société et son point de vue sur l’évolution de l’écosystème blockchain.
Sia Partners : Pouvez-vous nous expliquer votre carrière ainsi que la genèse de Paymium ?
Pierre Noizat : J’ai débuté ma carrière d’ingénieur dans les années 1990 aux États-Unis dans un projet qui avait pour nom DirecTV, bouquet de chaînes payantes et donc cryptées. Cela a été l'une des premières applications grand public de la cryptographie, et aussi mon premier contact avec celle-ci. Cela m'a tout de suite passionné et m’a semblé très prometteur car s’inscrivant au cœur de la transition numérique. Rappelez-vous que ces technologies cryptographiques ne datent que des années 1970. Par la suite, j’ai participé à des projets similaires, en gardant parallèlement une veille sur la cryptographie. Il était donc tout à fait naturel que je m’intéresse sérieusement à Bitcoin dès 2009, considérant cette invention comme une avancée scientifique majeure. En 2011, je travaillais sur la gestion des droits numériques (DRM), un domaine qui ne me passionnait pas, et souhaitais donc lancer un projet entrepreneurial. La rencontre avec un associé pour créer une activité autour des paiements coïncidait assez bien avec mes aspirations. Par ailleurs, nous avons rapidement constaté que dans le domaine des paiements, beaucoup d'obstacles à l'innovation existent, notamment du côté des banques. Après environ six mois, nous avons obtenu un financement et ce fut le début de Paymium.
Aujourd’hui, nous formons une équipe de 15 personnes basée à Paris. Cette équipe est à la fois motivée et extrêmement compétente puisque nous bénéficions de l'expérience accumulée depuis 2011. Une expérience de près de 10 ans dans le domaine de la cryptographie implique une forte aptitude à appréhender les enjeux du domaine ainsi que de suivre ses évolutions. Peu de sociétés dans le monde peuvent offrir ce niveau d'expertise, et nous en sommes très fiers.
Nous en sommes désormais à notre troisième plateforme avec Blockchain.io et nous maîtrisons la technologie de bout en bout. Cela nous permet de faire évoluer la plateforme, et d'être autonomes sur nos décisions. Un autre avantage est que nous sommes basés en Europe, bénéficiant de la proximité avec nos clients et avec les meilleurs talents, dans un environnement économique et réglementaire relativement stable.
Au démarrage en 2011, nous étions la troisième plus grande plateforme de trading de bitcoins. La problématique n'était pas de gagner des parts de marché mais de permettre aux utilisateurs de négocier des bitcoins contre des euros.
Deux possibilités s'offrent à nous pour tenir les comptes en Euros de nos clients :
- soit obtenir une licence d’établissement de paiement mais ce n'est même pas possible en France, l'ACPR ne délivrant pas ce type de licence aux sociétés qui manipulent des cryptomonnaies.
- soit avoir recours aux services d’un établissement de paiement, ce que nous avons fait. Nous étions face à Kraken, qui s'appuyait sur une banque allemande nommée Fidor, avec laquelle ils disposaient de toutes les facilités, tout comme Bitstamp a bénéficié de la bienveillance de la Banque centrale de Slovénie, alors que nous nous sommes longtemps enlisés avec des banques françaises.
Cela explique la différence de taille entre les trois sociétés actuellement. Sur le plan technique, nous n'avons rien à envier aux autres plateformes. Aujourd'hui, nous avons réalisé qu'il était difficile de collaborer avec les banques françaises, nous travaillons donc avec une banque en Allemagne et nous sommes en forte progression.
Le cas plus récent de Binance est d’ailleurs assez similaire aux cas de Kraken et Bitstamp. Ils disposaient de solides liaisons auprès de la sphère financière asiatique, ce qui leur a valu d'importants investissements. Les banques asiatiques les ont accueillis, leur permettant ainsi un décollage rapide.
Sia Partners : Très succinctement, pourquoi utiliser Paymium selon vous ?
Pierre Noizat : Simplement du fait que le prix sur Paymium puisse être plus avantageux que celui de nos concurrents, à l'achat comme à la vente. Ensuite, les coûts de transaction sont globalement moins élevés chez nous. Il y a également l'achat par carte de crédit, ainsi qu’une interface pour les commerçants souhaitant accepter les paiements par Bitcoin. Enfin, il s’agit aussi d’une question de confiance, nous sommes tout à fait crédibles en raison de notre historique et de nos performances sur ces dernières années.
Sia Partners : Quelles sont vos relations avec les différents acteurs et start-ups de l’écosystème crypto en France, tels que Coinhouse, Ledger ou ACINQ ?
Pierre Noizat : Nous n'avons que peu de rapports avec eux puisque nous n'avons pas la même activité. Nous sommes la seule plateforme d'échanges en France. Coinhouse est un courtier qui travaille exclusivement avec Kraken, ce sont donc plutôt des concurrents, favorisant une infrastructure de marché située à l’étranger, ce qui est dommage.
Le cas de Ledger est différent, leur activité repose sur la création de portefeuilles physique pour les cryptoactifs. Il serait intéressant d’intégrer leur solution dans notre plateforme, mais la demande de nos clients n’est pas encore suffisamment marquée.
Enfin, ACINQ est une des entreprises majeures de la technologie Lightning Network[1]. Ce qu'ils font est très intéressant, et le protocole Lightning est un très bon moyen de régler le problème des microtransactions sur Bitcoin. Cependant, il n'est pas adapté à nos cas d'utilisation. Il existe des protocoles similaires à Lightning mais qui sont adaptés aux plateformes d'échanges. Nous travaillons là-dessus avec un partenaire et cela pourrait déboucher sur une éventuelle fonctionnalité.
Cependant nous appartenons tout de même à un écosystème commun et nous nous retrouvons occasionnellement lors d'évènements. Seulement, nous n'avons pas réellement d'activités en commun.
Sia Partners : Mais vous poursuivez néanmoins la même direction. Pouvons-nous parler d'un lobby crypto ?
Pierre Noizat : Nous faisons tout de même face au lobby bancaire. Les start-ups, même si elles se réunissent, ont une force de frappe dérisoire par rapport aux banques, qui ont des moyens tout à fait considérables. D'un autre côté, je crois aux démarches citoyennes. Un entrepreneur crypto se doit d’être un entrepreneur militant. Je pense que celui qui se prononce en tant que Ledger ou en tant que Blockchain.io peut trouver un certain écho auprès de ceux qui écoutent.
« Tout comme la voix avec la VoIP, les transactions financières finiront par transiter sur Internet via Bitcoin »
Sia Partners : Que pensez-vous des mesures prises par le gouvernement français vis-à-vis de la blockchain et des cryptomonnaies ? La loi Pacte prévoit par exemple la mise en place d'un agrément optionnel pour les prestataires de services sur actifs numériques. Selon vous, ces mesures sont-elles suffisantes pour faire de la France une crypto-nation ?
Pierre Noizat : Effectivement, avant la loi Pacte, nous avions un réel problème en France puisque nous n'avions pas de statut clair. Le statut PSAN est donc positif pour nos activités car il peut nous faciliter l'ouverture de comptes bancaires, particulièrement à l'étranger. De plus amples mesures sont toutefois impératives si la France souhaite devenir une référence dans ce secteur, mais je pense que l'influence des banques sur l'évolution des entreprises crypto en France est forte. Ces banques influent parfois le pouvoir politique, qui lui-même est là pour créer des règles pour les technologies d'avenir telles que les cryptomonnaies, et un cercle d'influence vicieux peut malheureusement se mettre en place.
La situation que nous vivons actuellement avec les cryptomonnaies est très similaire à celle de la VoIP[2] il y a quelques années. En effet, le but premier de Bitcoin est de faire passer les transactions financières sur Internet, sur n'importe quel réseau. Aujourd'hui nous faisons passer les transactions sur les lignes spécialisées des banques. Ces dernières sont maintenant exactement dans la même situation, et ont la même réaction que les opérateurs de télécommunication vis-à-vis de la voix sur IP, lorsque la voix passait par des canaux spécialisés. Souvenez-vous que plusieurs opérateurs portaient un regard hostile vis-à-vis de cette technologie, allant parfois jusqu’à l’interdire et la bloquer sur leurs réseaux.
Aujourd’hui, les lignes spécialisées voix n’existent plus, la voix transite très majoritairement sur internet. Et tout comme la voix, les transactions financières finiront par transiter sur internet, puisque la technologie nous le permet aujourd’hui avec l’apparition de Bitcoin et des cryptomonnaies. C’est simplement beaucoup plus efficace. Il est d’ailleurs intéressant d'entendre le discours des banquiers centraux, commençant à l’envisager pour l’Euro, qui prendrait la forme d’un stablecoin[3] privé pour les transactions entre banques.
Sia Partners : Il y a d'ailleurs une initiative qui a été initiée il y a quelques semaines en France concernant une cryptomonnaie adossée à l'Euro.
Pierre Noizat : Effectivement, et nous soutenons cette initiative. Mettre en place une cryptomonnaie basée sur l’Euro est techniquement acquis. La seule chose qui ne l’est pas nécessairement est l’ouverture d’un compte bancaire pour conserver les euros comme collatéral de la cryptomonnaie.
Sia Partners : Libra sera également une monnaie adossée sur l’euro, mais aussi sur d’autres monnaies fiduciaires. Quel est votre avis sur cette monnaie privée ?
Pierre Noizat : Cette situation est comparable à celle d’AOL au début des années 1990. A ce moment-là, le Web était un outil relativement difficile d'accès, tout comme les cryptomonnaies d'aujourd'hui. America Online (AOL) est apparu sur le marché en déployant une offre Web comportant un walled garden, c'est-à-dire un accès Internet filtré et contrôlé, et ce fut un franc succès.
Quelques temps plus tard, AOL a réalisé que le contenu de son walled garden[4] était très limité par rapport au contenu disponible sur le Web. Ils ont donc ouvert l'accès au Web, puis ont cessé d’éditer des contenus puisqu’il s’agissait d’un autre métier. Le projet Libra pourrait se dérouler d’une manière similaire. Ce sera d'abord la monnaie de Facebook, puis, après un certain temps, il sera également possible de payer en bitcoins, et ensuite uniquement en bitcoins. Les banquiers centraux l'ont compris et freinent cette évolution. Facebook compte 2 milliards d'utilisateurs, et si cette forme de réseau commence à offrir sa cryptomonnaie, l'adoption en masse se concrétisera rapidement.
« Le PoS est une alternative attrayante mais qui ne remplacera pas le PoW, ce sont deux protocoles répondant à des usages différents »
Sia Partners : Le protocole de consensus Proof of Stake est présent sur plusieurs technologies blockchain, et Ethereum envisage de migrer vers celui-ci dans un avenir proche. Avec ce protocole, les utilisateurs ayant le plus de cryptomonnaies ont davantage de poids, et tout particulièrement les plateformes d'échanges. Pensez-vous que ce protocole entraîne plus de centralisation que celui du Proof of Work ?
Pierre Noizat : Effectivement, il est certain que le protocole PoS (Proof of Stake) n'est pas aussi décentralisé que PoW (Proof of Work). Le PoW a l'inconvénient d’être énergivore, mais c'est cette consommation d’énergie qui lui permet d’avoir les propriétés de décentralisation que nous connaissons, puisque l'énergie est une valeur universelle. De plus, le protocole PoW incite les mineurs à rechercher l’énergie la moins chère, c’est à dire en surplus, comme celle produite par une source d’énergie renouvelable aux heures creuses. Les énergies fossiles sont plus chères que les surplus d’énergie renouvelables.
Le PoS est un affaissement du principe de décentralisation, mais il est néanmoins toujours intéressant. En effet, c'est une alternative attrayante mais qui ne remplacera pas le PoW, et prétendre que le PoS soit plus efficace est une illusion. Ce sont deux protocoles répondant à des usages différents, et les comparer en ce sens-là n’est pas judicieux – ce serait comparer un train et une voiture, nous ne pouvons pas affirmer que l’un soit plus efficace que l’autre sans étudier le cas d’usage au préalable.
Comparons par exemple la résilience de ces protocoles face à une attaque des 51%[5]. Lorsque vous faites face à ce type d’attaque dans un réseau PoW, c'est une menace qui est forcément temporaire puisque vous devez payer 51% de la puissance de calcul du réseau sur toute la durée de celle-ci. Cela va bien évidemment perturber les transactions pendant un certain temps, mais les autres acteurs peuvent effectuer un hard fork[6], et à ce moment-là les 51% chuteront. L’attaque des 51% reste donc limitée dans le temps en PoW, et le coût de cette dernière dépend fortement de la puissance de hachage totale existante sur le réseau. Plus la quantité d’énergie consommée pour maintenir le réseau est élevée, plus l’attaque des 51% est difficile à réaliser.
Réciproquement, une attaque des 51% en PoS est irrémédiable. Il n’est pas possible de déloger l’attaquant puisqu’il possède plus de 51% des jetons et qu’il contrôle la validation des transactions. L’attaque n’est donc plus temporaire, puisque tant que l’attaquant possède la majorité des coins, il contrôle le réseau. Dans un cas (PoW), l'attaque est temporaire et ne constitue qu’une perturbation du réseau. Dans l'autre cas (PoS), c'est une prise de contrôle définitive de celui-ci. La sécurisation d’un réseau est donc bien plus difficile à maintenir sur le PoS, et le PoW répond bien mieux à cette problématique.
« Les plateformes centralisées offrent davantage de confiance pour l’utilisateur novice »
Sia Partners : Une autre évolution que permet la blockchain est l’émergence de plateformes d’échanges décentralisées[7] (DEX), quel est votre opinion sur ce type de plateformes ?
Pierre Noizat : Les applications décentralisées existent déjà. Nous ne considérons pas les plateformes décentralisées comme des concurrents. Paymium est une plateforme centralisée, ce qui la rend facile d’accès même pour les utilisateurs débutants. Sur une plateforme décentralisée, l’expérience utilisateur est beaucoup moins fluide, à moins d’être adepte de ces technologies. Les plateformes centralisées offrent davantage de confiance pour l’utilisateur novice, car il sait qu’en cas de litige, il pourra toujours s’adresser à un régulateur.
Si les régulateurs imposent de trop nombreuses contraintes sur les plateformes d’échanges centralisées, cela encouragera le développement d’applications décentralisées, qui sont par définition non régulables et qui ne peuvent être arrêtées.
Malheureusement, cela serait préjudiciable à tous, puisque la limite des DEX est que vous ne pouvez pas percevoir d'euros directement. Il n’est pas possible de lier son compte bancaire classique sur un DEX, il est donc nécessaire de revenir au système centralisé pour sortir ou entrer en euros.
Il existe cependant une troisième approche, celle de bitcoin.de. Ce type de plateforme permet d’effectuer des virements « de pair-à-pair » : les utilisateurs s'envoient des virements bancaires directement entre eux. La plateforme se place alors au centre, en tant que séquestre pour les cryptos. La limite majeure est la disparition de la notion d'anonymat, puisque vous opérez un virement bancaire de votre compte au compte du destinataire, qui dévoile son nom et son numéro de compte.
Nous voyons bien qu'entre ce modèle-là, qui est un modèle pair-à-pair non décentralisé, le modèle pair-à-pair décentralisé des DEX et celui centralisé de Paymium, il y a trois modèles différents dont le fonctionnement est sensiblement similaire. Dans les trois cas, ce sont fonctionnellement des plateformes d’échanges, mais en termes d'expérience utilisateur, elles opèrent différemment. L’existence de ces divers types de produits est en réalité une excellente chose, puisque cela offre aux utilisateurs différentes options.
Sia Partners : Quel sont les projets blockchain ou crypto qui vous semblent prometteurs, en dehors de Bitcoin ?
Pierre Noizat : Le premier projet qui me semble très intéressant, que nous avons a évoqué plus tôt, est le Lightning Network. Cette initiative a pour but premier de fluidifier la montée en puissance de Bitcoin, et de permettre les micropaiements sur Internet, notamment auprès des commerçants. L'acceptation des cryptomonnaies pour le commerce en ligne est un enjeu majeur. A mon sens, cela favorisera grandement l'usage de Bitcoin en tant que monnaie.
Gardons bien à l’esprit que Bitcoin est encore au stade expérimental. Au même titre que la voiture autonome, l’usage quotidien n’est pas encore démocratisé. L’usage de ces véhicules est par contre très probable dans la prochaine décennie ou la suivante. La situation de Bitcoin et des microtransactions en ligne est assez similaire.
L’autre projet auquel je souscris vivement est Liquid. Celui-ci s’appuie sur la sécurité du réseau Bitcoin pour créer des cryptoactifs. Ces derniers sont créés sur des sous-réseaux (sidechains), qui eux-mêmes s’ancrent à Bitcoin, profitant ainsi de la sécurité qu’il offre.
« Bitcoin préserve la valeur sur le long terme, et cela s'intensifiera à mesure que davantage d'investisseurs entreront sur son marché »
Sia Partners : Pour finir, considérez-vous Bitcoin comme un actif refuge ?
Pierre Noizat : Il suffit de regarder l'évolution du cours ces 10 dernières années. Lorsque nous comparons sa valeur à celle de l’Euro, nous remarquons que Bitcoin a bien rempli son rôle en préservant sa valeur et bien plus encore. Effectivement, le bitcoin est volatile, mais lorsque nous évoquons la notion de réserve de valeur, se pose la question de l’horizon de temps. Si notre placement est à horizon court, le risque est évidemment assez élevé. Aujourd'hui, Bitcoin fonctionne parfaitement en tant que réserve de valeur si vous êtes sur un horizon de temps minimum de 3 ou 4 ans.
Le cas de l’or est assez similaire, le cours peut varier d’un jour à l’autre. Pourtant, l’or est considéré comme une réserve de valeur, et les investisseurs préservent leur placement sur une durée relativement étendue.
Enfin, la quantité de bitcoins ne changera pas, il y en aura toujours 21 millions tout au plus, tandis que l'intérêt pour le projet est en constante progression. De plus en plus de personnes en apprennent davantage sur cet objet monétaire, et le réseau n'est pas près de disparaître, tout comme Internet. D'autre part, notre euro est en inflation permanente. En 2018, près de 2,7 milliards d'euros ont été créés par mois en moyenne[8].
En conséquence, je pense que comparativement à l'Euro, Bitcoin préserve la valeur sur le long terme et que cela s'intensifiera à mesure que davantage d'investisseurs entreront sur son marché, qui se chiffre actuellement à 170 milliards de dollars. Ensuite, lorsque le marché atteindra une taille assez importante, il sera en mesure de préserver sa valeur sur des horizons plus courts, tout comme l'or, qui présente une volatilité relativement faible à court terme, avec un marché de près de 7 500 milliards de dollars. L’or et le bitcoin sont des valeurs contracycliques permettant de protéger un portefeuille, mais le minage Bitcoin est meilleur pour l’environnement que le minage de l’or.
[1] Le protocole Lightning Network est un réseau décentralisé se plaçant en surcouche de Bitcoin, permettant le transfert instantané, de pair-à-pair et à frais réduits de bitcoins. Il est aujourd’hui déployé en phase Beta sur le réseau principal, et compte à ce jour plus de 30 000 canaux de distribution répartis sur plus de 4 500 nœuds.
[2] Voice over IP (Voix sur IP) : Transmission de la voix sur réseaux IP filaires ou non filaires.
[3] Un stablecoin est une cryptomonnaie stable dont la valeur est verrouillée par un smart contract, en l’adossant à un la valeur d’un actif traditionnel tel qu’une monnaie fiduciaire, ou encore une commodité.
[4] Système logiciel dans lequel le fournisseur de services détient le contrôle sur les applications, le contenu et les médias, et limite l'accès au contenu non-approuvé.
[5] Attaque par laquelle une entité du réseau est en mesure de contrôler la majorité de la puissance de hachage du réseau (pour le PoW), ou de posséder plus de 51% des jetons disponibles (pour le PoS). Cela lui permet ainsi d’exclure ou de modifier intentionnellement des transactions non confirmées, entraînant un problème de double dépense de la part de l’attaquant, qui pourra ainsi consommer davantage de jetons qu’il n’en possède réellement.
[6] Un fork est le résultat de la modification des règles (code source) d’une blockchain. La modification peut être mineure, et ne nécessite donc pas la mise à jour de tous les nœuds pour que le réseau fonctionne : on parle de soft fork. Lorsque la modification touche profondément les règles du réseau, il est nécessaire de mettre à jour les nœuds afin qu’ils participent à ce nouveau réseau qui devient alors indépendant du réseau initial : on parle alors de hard fork.
[7] Decentralized exchange (DEX) : il s’agit d’un type de plateforme d’échanges fonctionnant de manière décentralisée, sans autorité centrale. Elles permettent ainsi l’achat et la revente de cryptomonnaies de pair-à-pair (les monnaies fiduciaires ne sont pas supportées par ces plateformes).
[8] Source : Bilan annuel consolidé de l'Eurosystème au 31 décembre 2018