La reconversion, parent pauvre des politiques d…
La gestion actif-passif (ALM) d'une institution bancaire a pour objectif la mesure et le suivi des risques de taux, change et liquidité afin de lancer les actions adéquates permettant de préserver la marge d'intérêts de l'Etablissement.
A contrario du risque de taux, dont la matérialisation s'étale en général, dans le temps via la Marge Nette d'Intérêts, l'impact du risque de change sur le résultat ou sur la situation nette de la banque est immédiat. Sa réalisation induit une perte immédiate de capital et d'intérêts. Cet article propose un décryptage de la gestion du risque de change.
Le risque de change est le risque de perte économique encouru par une entité en cas de variation des cours de change des devises. Il traduit le fait qu'une baisse des cours de change puisse entraîner une perte de valeur d'avoirs libellés en devises. Au sein d'une banque, le risque de change peut être constaté sur le trading book ou sur le banking book *.
Cet article s'attardera à présenter la gestion du risque de change sur le banking book.
Le risque de change pouvant émaner du banking book concerne :
A date, l'Autorité de Contrôle Prudentiel n'impose pas de limites explicites encadrant le risque de change. Cependant, elle exige dans la CRBF 97_02 la mise en place d'une gouvernance et d'un dispositif qui permet l'encadrement, la mesure et le suivi de l'ensemble des risques financiers (taux, change et liquidité). Par ailleurs, le Pilier I de Bâle II impose une dotation en capital pour la couverture du risque de change sur le Trading Book. Pour les établissements soumis aux normes IFRS, la matérialisation du risque de change est comptabilisée en compte de résultat pour l'ensemble des opérations à l'exception des opérations de structure dont l'impact est ventilé en capitaux propres. Un traitement dérogatoire permet dans certaines conditions de neutraliser l'impact en résultat des opérations de couverture.
Le marché des changes est fort volatil et imprédictible. De plus, la mesure du risque de change doit intégrer les spécificités des opérations au bilan de la banque. Il s'agit principalement des opérations en devises synthétiques et de l'application de normes comptables distinctes.
Certains aspects de la mesure du risque de change nécessitent donc une analyse particulière qui implique plusieurs fonctions : l'ALM, la Trésorerie, les Risques, la Comptabilité et le Juridique.
La gestion du risque de change ainsi que les principaux acteurs de sa gouvernance sont décrits dans le référentiel normatif de la fonction ALM de la Direction Financière. Le processus de gestion du risque de change exige des interactions entre différentes fonctions. Ci-dessous sont précisées les responsabilités de chacune :
La Trésorerie a pour responsabilité la gestion et la couverture quotidienne de la position de change. La position de change déterminée par la Trésorerie n'intègre pas les éléments non transactionnels gérés par la comptabilité. Sont considérés comme éléments non transactionnels, entres autres :
L'ALM est la fonction qui orchestre la mesure du risque de change : il est responsable du suivi et de la gestion de l'ensemble des positions de change à l'exception des positions liées à l'activité de trading. Il doit mettre en place des procédures transverses et des outils permettant la bonne évaluation du risque de change. En Comité de Gestion Actif Passif, il propose des couvertures du risque de change à mettre en uvre.
Les Risques définissent les limites encadrant le risque de change et effectuent le suivi des limites en Comité ALM.
La Comptabilité fournit à l'ALM et à la Trésorerie une ventilation des postes de bilan non transactionnels par devises. Ces éléments participent à la formation du risque global de change. Elle détermine l'impact du risque de change dans le compte de résultat et dans les capitaux propres de la banque. Elle est sollicitée pour des encours de balance comptable pour l'exercice de la cohérence comptable.
Le Juridique peut intervenir dans le processus de détermination du risque de change lorsqu'il existe au bilan de contrats ou des conventions intégrant des devises synthétiques. Ils devront donc fournir à l'ALM et à la trésorerie la devise réelle de transaction de l'opération.
La position de change est le principal indicateur de mesure du risque de change. Elle correspond à la valeur patrimoniale de l'entité dans chaque devise. La position de change globale d'une entité est donc égale à la somme des positions de change par devise détenue au bilan et au hors bilan.
Lorsqu'elle est négative, la position de change est dite courte ; et longue dans le cas contraire.
Au sein du Banking Book, on distingue trois positions de change :
Le périmètre de calcul de la position de change inclut tous les postes du bilan et du hors bilan dans toutes les devises dans lesquelles l'entité a des opérations. Le calcul repose sur des données de qualité comptable (ou rapprochées de la comptabilité). Les entités effectuent le calcul de la position de change par devise en deux étapes :
Le split du bilan en devises :
Cette méthode permet de constituer l'assiette des opérations qui seront soumises à la détermination du risque de change. Il consiste à répartir le bilan par devises. Dans cette démarche, une distinction doit être faite entre :
L'assiette de la mesure du risque de change est l'ensemble des postes du bilan libellés en devise d'origine. Ci-dessous, une illustration de la formation de la position de change sur le banking book (bilan et hors-bilan).
La somme de l'ensemble des positions de change calculée à une date donnée est égale à zéro. En effet, une position longue dans une devise correspond à une position courte symétrique dans une autre devise. Le risque de change peut se mesurer en marge, en volume et en valeur. La sensibilité de la marge à l'évolution des cours de change est gérée par la Trésorerie.
Alors que le périmètre de gestion des équipes ALM et Trésorerie tend à se densifier au fil des règlementations bâloises, force est de constater que très peu de banques produisent une position de change structurelle significative intégrant à la fois les spécificités des opérations au bilan (et hors bilan) et les normes spécifiques aux entités de la banque. La détermination du risque de change demeure alors étroitement fonction de la stratégie et des priorités de la Direction Financière de chaque institution bancaire. La priorité donnée à la gestion de la liquidité et à la solvabilité est légitime mais la mesure significative du risque de change reste un chantier ouvert pour chaque établissement bancaire.
Le trading book est le portefeuille dans lequel sont enregistrés l'ensemble des actifs détenus à des fins de négociation à court terme, ou dans le but de couvrir d'autres éléments de ce même portefeuille. Le risque de change mesuré sur le trading book est généralement traité dans le cadre du suivi des risques de marché.
Le banking book, lui, regroupe l'ensemble des opérations qui ne sont pas effectuées avec l'objectif de réaliser des profits à court terme. Il s'agit d'opérations commerciales et leur adossement ainsi que les opérations de structure de type capitaux propres, participations ou immobilisations. Les risques de taux, change et liquidité sont gérés par la fonction Gestion Actif Passif (ALM).