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Le 27 juin dernier, en amont du G20 d’Osaka, un appel a été passé par 477 des plus grands investisseurs mondiaux, à l’exception notable des deux plus grands fonds mondiaux : Vanguard et BlackRock, demandant à ce que les Etats du G20 respectent les accords de Paris.
Si ces investisseurs, qui représentent la moitié du capital investi dans le monde, ont formulé cet appel, c’est que l’urgence climatique est également devenue une priorité pour les milieux financiers.
Le marché des émissions d’obligations vertes ne représente aujourd’hui qu’une fraction minime des émissions obligataires internationales : 160 milliards d’USD contre 21 000 milliards au total en 2017. Cependant, le marché continue de croître chaque année. Du point de vue du couple rendement/risque, la différenciation des obligations vertes vis-à-vis des obligations classiques reste à analyser dans la durée.
Si 2019 devrait promettre un nouveau record d’émissions vertes, il apparaît que plusieurs freins viennent néanmoins entraver la progression de ces émissions obligataires en faveur de l’environnement. Une des problématiques auxquelles font face les émetteurs, qu’ils soient des pouvoirs publics, des corporates ou des institutions financières, est le manque d’harmonisation autour de la notion de « green bonds ». Aucun standard international harmonisé n’a encore vu le jour, ne permettant pas un alignement des acteurs et une plus grande transparence.
En effet, les différentes émissions de « green bonds » peuvent avoir aujourd’hui des sens différents en vertu de lignes directrices distinctes. Pour exemple, si les Fidji ont émis un sovereign bond dit « green bond » pour financer des projets ayant comme objectif de soutenir la lutte contre le réchauffement climatique, de l’autre côté, l’entreprise Repsol, basée à Madrid, a quant à elle été la première compagnie pétrolière à émettre des green bonds.
La Chine a aussi émis des green bonds dont le seul objectif était de remplacer des centrales à charbon par de nouvelles centrales à charbon plus propres, mais ayant toujours un impact négatif sur l’environnement.
Il existe un très large spectre d’émetteurs de green bonds, ce qui confirme le besoin de certifications, garants de transparence, afin d’éviter l’écueil du greenwashing.
Plusieurs initiatives ont tout de même vu le jour ces dernières années et plusieurs processus de certification ont été mis en place par des acteurs de référence :
Le processus habituel pour obtenir une des certifications mentionnées ci-dessus (hormis l’indice obligataire) est de faire appel à des entreprises indépendantes chargées de délivrer la certification après vérification des modalités de l’utilisation des fonds.
Une autre possibilité est l’utilisation d’indice obligataire « green » (i.e. Solactive Green Bond EUR USD IG Index) qui permet de s’assurer de l’examen des actifs de façon régulière par l’administrateur de l’indice.
Vers une régulation étatique ou internationale ?
Si les certifications existantes offrent une transparence ayant permis une croissance fulgurante du marché des obligations vertes, une régulation étatique ou internationale pourrait permettre un supplément d’intérêt et de confiance de la part des investisseurs. Des initiatives ont déjà vu le jour, notamment en France, en pointe sur le sujet de la finance verte. Le Label Greenfin, lancé par l’Etat français lors de la COP21, assure aux investisseurs la qualité verte des fonds certifiés, ceux-ci investissant largement dans des green bonds. Si la France est redevenue en 2019 le pays ayant émis les plus d’obligations vertes (plus de 15 milliards de dollars depuis le début de l’année), il paraît probable que le label étatique apporte un avantage fort aux émissions françaises.
Au niveau européen, la création d’une classification demandée par la commission européenne l’année dernière est actuellement en cours de finalisation. De son côté, le Network for Greening the Financial System (NFGS), qui regroupe les plus importantes banques centrales, appelle entre autres à la création d’une classification des actifs financiers en fonction de leurs impacts environnementaux « de marron à vert », afin d’aider les investisseurs dans leurs choix.
Ces labels interétatiques et unifiés seraient certainement le moyen le plus sûr d’accompagner l’essor des « green bonds » et de permettre au milieu financier d’accélérer sa mutation vers le paradigme environnemental qui ne peut être laissé de côté.