La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Sia Partners publie la seconde édition de son étude sur la filière hydrogène énergie en France et analyse les tendances et faits marquants de l'année 2019.
Le développement de la filière hydrogène s’est accéléré en 2019, porté par les appels à projets du Plan Hydrogène et le lancement par des industriels et énergéticiens majeurs de filiales dédiées à l’hydrogène. Le rôle majeur des territoires dans la structuration et le déploiement de la filière se renforce avec la publication par de nombreuses régions de feuilles de route hydrogène. Au chapitre de la mobilité, l’intérêt des décideurs politiques pour le transport collectif se confirme, et l’année 2019 a été marquée par le lancement de nombreux projets de déploiement de lignes de bus à hydrogène en France et de trains à hydrogène en Europe. Enfin les industriels multiplient les démonstrateurs de production décarbonée d’hydrogène et de valorisation d’hydrogène fatal, dans un contexte où la production d’hydrogène est toujours dominée par les ressources fossiles.
La dynamique de croissance de la filière hydrogène française, initiée il y a une dizaine d’années, s’est poursuivie en 2019 avec l’apparition de nouveaux acteurs spécialisés, en particulier dans le domaine de la production d’hydrogène décarboné. Du côté des industriels historiques, les partenariats et rapprochements financiers se sont poursuivis avec les acteurs en développement de la filière. Enfin, la tendance récente à la création par les énergéticiens français de filiales dédiées aux marchés de l’hydrogène témoigne d’une confiance de plus en plus affirmée dans l’avenir de la filière. Ces acteurs industriels français du transport ou de l’énergie multiplient les projets aussi bien en France qu’à l’international.
Les acteurs territoriaux (régions, collectivités locales, syndicats territoriaux de transport ou d'énergie) continuent d'être moteur du déploiement de la filière. Ils mettent en place des pôles de compétitivité locaux, définissent des feuilles de route hydrogène et lancent de nouveaux projets innovants en partenariat avec les industriels, notamment sur la mobilité, et la production d'hydrogène renouvelable et bas carbone. En 2019, de nombreux clubs hydrogène ont émergé des pôles de compétitivité déjà existants pour proposer des réseaux de structuration de la filière à l’échelle régionale.
Au chapitre de la mobilité, l’année 2019 a été marquée par une accélération de l’hydrogène dans le transport collectif. Les résultats concluants des premières expérimentations de train hydrogène ont convaincu plusieurs régions de se pencher sur le sujet et de lancer de premières commandes. Les projets de déploiement de lignes de bus à hydrogène se multiplient, notamment grâce aux appels à projets « Ecosystèmes de mobilité hydrogène » lancés dans le cadre du plan Hulot. Depuis 2018, ce sont près de 20 collectivités et syndicats de transports qui souhaitent s'engager dans le déploiement de lignes de bus à hydrogène.
Un premier bilan du « Plan Hydrogène » annoncé en 2018 se dessine déjà en 2019 : les appels à projets « Écosystèmes de mobilité hydrogène » et « Production et fourniture d’hydrogène décarboné pour des consommateurs industriels » ont été plébiscités par les acteurs de la filière et permettront le financement de 25 projets sur l’ensemble du territoire, prolongeant ainsi la dynamique de projets initiée en 2016 par l’appel à projets « Territoires Hydrogène ». Les mesures de court terme du plan ont pour la plupart été mises en œuvre. L'atteinte des objectifs de long terme de décarbonation de l'hydrogène et de développement des nouveaux usages nécessitera cependant l'instauration de nouveaux mécanismes de soutien public.
Afin de prolonger les actions menées dans le cadre du plan Hydrogène de 2018, le gouvernement a annoncé fin Janvier 2020 le lancement de nouveaux appels à projets, pilotés par l’ADEME. En outre, la loi Énergie Climat 2019, publiée en novembre contient plusieurs éléments structurants pour la filière, notamment un objectif de 20 à 40 % d’hydrogène bas-carbone et renouvelable dans la consommation totale d'hydrogène et d’hydrogène industriel d’ici 2030, la mise en place d’un dispositif de traçabilité de l’hydrogène et de garanties d’origine pour l’hydrogène renouvelable, et enfin la mise en place d’un cadre de soutien à l’hydrogène produit à partir d'énergie renouvelable ou par électrolyse de l'eau à l'aide d'électricité bas-carbone. Malgré un financement annuel ramené à 50 M€ par an (projet de PPE 2019-2028), les mesures de soutien prévues au cours de l'année 2020 s’inscrivent dans la continuité du Plan Hydrogène : sont attendus un soutien via des appels à projets et une évolution du cadre réglementaire en matière d’hydrogène renouvelable et bas carbone.
En 2019, la quasi-totalité de l’hydrogène produit provient encore de sources fossiles, mais plusieurs technologies prometteuses de production décarbonée sont en cours d’industrialisation, ou au stade de démonstrateur. Si leur compétitivité à grande échelle reste encore conditionnée à des facteurs technico-économiques et à des politiques de soutien, les annonces et déploiements de projets pilotes et expérimentaux de production d’hydrogène décarboné se sont multipliés en 2019. Ces projets permettront aux industriels de prouver la fiabilité de ces technologies à grande échelle et d’en améliorer la compétitivité économique.