La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Le groupe Fnac a présenté ce mercredi 30 septembre une proposition d’acquisition de 100% du capital du groupe Darty. Cette proposition évalue à 101 pences l’action du groupe qui en valait 81 pences la veille, soit une plus-value de 25% et une évaluation globale du groupe à environ 725 M€.
Le groupe Fnac a présenté ce mercredi 30 septembre une proposition d’acquisition de 100% du capital du groupe Darty. Cette proposition évalue à 101 pences l’action du groupe qui en valait 81 pences la veille, soit une plus-value de 25% et une évaluation globale du groupe à environ 725 M€. Le conseil d’administration de Darty a annoncé étudier l’offre avant de la présenter à ses actionnaires (son premier actionnaire, Knight Vinke, a déjà accueilli favorablement cette proposition). Un tel accord permettrait la création d’un véritable géant de la distribution spécialisée. Avec un chiffre d’affaires de 7,4 milliards d’euros, le groupe serait encore loin des grands distributeurs américains et asiatiques mais se rapprocherait du distributeur britannique, Dixon Retails (générant un chiffre d’affaires d’environ 8,9 milliards d’euros, voir figure 2).
Le rapprochement des deux enseignes permettrait au groupe de travailler sur une offre étendue de produits en bénéficiant d’enseignes fortement connues du grand public. Elles bénéficieraient de synergies pour les produits bruns et gris (micro-informatique, électronique grand public, …) tout en continuant à développer des gammes spécifiques : les éditoriaux (livres, disques, jeux-vidéos, …) pour la Fnac ou les produits blancs (gros électroménager) pour Darty.
En faisant abstraction des 12 magasins brésiliens de la Fnac, la réunion des deux parcs de magasins permettrait une complémentarité intéressante. Ainsi, sur les marchés où chaque groupe est présent, en France et en Belgique, le parc magasin représenterait respectivement 403 et 69 magasins (voir figure 1). Le groupe disposerait, de plus, d’une présence aux Pays-Bas (via l’enseigne BCC de Darty, 75 magasins) ainsi que dans la péninsule ibérique et en Suisse (via la Fnac, respectivement 47 et 4 magasins).
Sur le plan des concepts, les deux enseignes peuvent être vues comme complémentaires. En effet, si la Fnac mise plutôt sur des concepts urbains, Darty est plus présent en périphérie. On pourrait alors facilement imaginer une extension de l’offre multi-canal avec un maillage plus important des territoires en faveur des consommateurs.
Enfin, les deux enseignes se sont récemment développées en franchise. Les magasins franchisés représentant respectivement 10,8% et 6,7% des parcs Darty et Fnac (en excluant le concept très spécifique « Fnac Travel »). Un tel rapport favoriserait alors les synergies possibles sur certaines fonctions centrales.
En cas d’acquisition, la stratégie e-commerce représentera certainement un autre enjeu important pour le groupe. Représentant en moyenne 15% des ventes (voir figure 3), le chiffre d’affaires e-commerce dépasse le milliard d’euros, dont environ 930 millions d’euros en France. Au cœur des tendances du moment, la question de la gestion des référentiels des marketplaces devra alors être posée.
L’offre crosscanal pourra de plus être renforcée avec deux groupes qui ont fait du click-and-collect une priorité. En effet, sur ce segment, la Fnac et Darty ont su développer des services spécifiques tels que le retrait une heure après la commande faisant, par exemple, que ce segment représente 21% des ventes en ligne de Darty.
Parmi les 3 sites e-commerce, malgré ses résultats décevants, MisterGoodDeal dispose d’un positionnement à part. Pure player e-commerce, il constitue l’offre low cost services exclus pour Darty et pourrait être conservé tel quel en cas de rapprochement. En revanche, les sites Fnac.com et Darty.com sont en concurrence frontale. Plusieurs pistes pourraient être envisagées mais aucune n’est sans risque : le glissement vers l’une ou l’autre des enseignes, la spécialisation par segment produit ou la conservation des 2 sites. Les synergies entre ces 3 sites - Fnac.com, Darty.com et MisterGoodDeal- et les réseaux de magasins seront-elles actionnables ?
L’offre reste encore soumise à l’approbation du conseil d’administration de Darty. L’union de deux leaders sur les marchés de l’électronique et l’électroménager en France sera probablement scrutée de près par l’Autorité de la concurrence. Une telle acquisition créerait en tous cas des enjeux importants de synergies, notamment pour l’achat de matériels électroniques et pour les ventes e-commerce et permettrait la création d’un acteur prépondérant de la distribution spécialisée.