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L'affacturage : un mode de financement alternatif

Durement touchés par les récentes restructurations, les services financiers spécialisés ont souffert de la crise financière.

Ralentissement de l'activité de crédit-bail immobilier[1], du crédit consommation pour les particuliers[2], du financement spécialisé du logement[3], les services financiers spécialisés portent actuellement les stigmates de la conjoncture économique, des nouvelles contraintes règlementaires (Loi Lagarde, nouvelles exigences de liquidité bâloises).

Néanmoins, certaines de ces activités présentent une belle vitalité, de solides perspectives de développement et un réel potentiel de maximisation de la valeur client pour les banques. Ainsi, le secteur de l'affacturage est en croissance régulière ces dernières années et s'intègre naturellement dans l'offre de services Global Transaction Banking pour les corporate.

Qu'est-ce que l'affacturage ?

Les sociétés d'affacturage[4] proposent à leur client, au moyen de la cession de créances, des services liés au recouvrement de crédit clients qui s'articulent autour de trois principaux axes :

  • financements sur la base de créances clients
  • assurances contre les impayés
  • gestion de postes clients

Ces services s'adressent à la fois à une clientèle sur un modèle B2B ou B2C, aux grands corporate ou aux PME voire TPE.

L'affacturage, un mode de financement court-terme à valeur ajoutée

Forts de la connaissance de l'activité de leurs clients, les facteurs proposent ainsi aux entreprises des services complets et ajustés autour la gestion des recouvrements de créances, leur permettant de se consacrer à leur cœur de métier. Dans une recherche permanente d'élargissement de leur base client et de développement services à haute valeur ajoutée, les sociétés d'affacturage ont développés des offres innovantes inscrites ou connexes à leur cœur de métier telles que :

  • L'affacturage inversé : contrairement aux solutions d'affacturage classiques, ce produit est souscrit par le client débiteur, souhaitant proposer des clauses de paiement comptant à ses fournisseurs contre des conditions de règlement avantageuses (escompte de règlement par exemple). Le client débiteur peut ensuite négocier des délais de paiement auprès de sa société d'affacturage. Ce mode de financement en fort développement[5] est encouragé par l'environnement actuel marqué notamment par une baisse de visibilité sur les délais de paiements et la mise en application de la loi de modernisation de l'économie[6].
  • Affacturage export : pour pallier aux difficultés liées au recouvrement de créances à l'international (modalités de recouvrement, communication interbancaire, différences culturelles...), les sociétés d'affacturage proposent des services d'affacturage à l'export basés soit sur un réseau implanté localement ou pilotés depuis le pays du fournisseur.
  • Offre pour les PME et les TPE : soucieuses d'ouvrir le marché aux millions de PME/TPE françaises, les sociétés d'affacturage ont développé des solutions dimensionnées pour les structures ayant un chiffre d'affaire assez modeste. Parmi les nombreuses initiatives, GE FactoFrance[7] s'est notamment distingué en favorisant l'accès à ce produit grâce à son site jefinancemapme.com soutenu par OSEO et la CGPME[8], proposant des devis à portée de clic.

Solution alternative aux modes de financement court-terme classiques tels que l'escompte, la facilité de caisse, le découvert ou le financement Loi Dailly, l'affacturage propose aux entreprises une solution flexible et peu couteuse présentant de multiples intérêts :

  • Source de financement court-terme au coût modéré (les commissions de financement sont souvent indexées sur les taux bancaires Euribor 3 mois augmentés de 20 à 300 points de base en fonction de la typologie du client)
  • Maîtrise des délais de paiement, sans en faire subir la charge à ses partenaires commerciaux
  • Baisse des charges de recouvrement, converties d'un poste coût fixe en un poste coût variable (par l'intermédiaire de la commission d'affacturage)
  • Réduction du risque d'impayés de manière flexible
  • Possibilité de souscrire à des services à valeur ajoutée tels que des outils juridiques, commerciaux, des facilités de recouvrement à l'international, de financement sur stocks...

Le marché de l'affacturage français : une forte dynamique depuis plusieurs décennies

Le marché de l'affacturage français est en croissance constante depuis plusieurs décennies. Ainsi, la croissance moyenne du montant des créances factorées entre 1987 et 2007 a été de 16% par an. Après un ralentissement en 2009, l'activité présente une embellie comme en témoigne les récents taux de croissance à deux chiffres dans un environnement économique toujours incertain. Ainsi, la dynamique de croissance affiche des taux record comparés aux autres activités de financement.

En Europe, les entreprises génèrent plus de 60% des montants factorés mondiaux en 2011[9]. Sur le marché européen, la France occupe un rôle place prédominant en seconde place derrière le Royaume-Uni[10]. Les principaux acteurs du marché français, essentiellement constitués de sociétés financières spécialisées rattachées à de grands groupes bancaires français (outre GE FactoFrance), se partagent un marché assez concentré.

L'enjeu de l'activité d'affacturage pour les groupes bancaires français

La gestion financière des activités d'affacturage contraste avec l'activité classique d'une banque. Dépourvues de dépôts, les sociétés d'affacturage prêtent à court-terme et se refinancent à moyen-long terme. Cette distorsion les rend particulièrement sensibles aux nouvelles exigences de liquidité introduites par la directive Bâle III, qui ont été pour l'essentiel construites sur des constats dressés sur la situation des grandes banques, sans prendre en compte les caractéristiques propres aux établissements spécialisés.

Du point de vue de la gestion des risques de contrepartie des banques, l'activité d'affacturage présente des avantages et notamment la spécificité de déplacer le risque de contrepartie de l'entreprise détenant une créance, en besoin de financement, sur l'entreprise débitrice ou de collatéraliser le risque crédit par le transfert d'une créance. Dans l'optique de la mise en place de la réforme Bâle III, les coûts de financement court-terme et la sensibilité des banques au profil risque de leurs clients devraient avoir un impact négatif sur l'accès au financement court-terme des corporates. A ce titre, les solutions d'affacturage proposent aux banques une alternative souvent mieux adaptée aux offres traditionnelles de crédit en blanc.

Service proposé par les banques de financement et d'investissement (BFI), l'affacturage trouve une place naturelle au sein de l'offre Global Transaction Services qui regroupe l'ensemble des services bancaires supportant les besoins financiers courants des entreprises aussi bien localement qu'à l'international. En complément des offres de cash management, trade finance, financement court-terme, ce portefeuille complet d'offres présente des opportunités stratégiques pour les banques en termes de cross-selling, de maximisation de la valeur client, de fidélisation via l'instauration de réelles relations de partenariat financier, et d'élargissement de la base client à l'ensemble des entreprises. Par ailleurs, cette offre qui mêle à la fois des services à valeur ajoutée dépourvus de risques financiers, et des services de financement permet des stratégies de croissance ayant des impacts moindres sur les ratios réglementaires proportionnellement aux activités de financement plus classiques. Dans le contexte actuel de restructuration des BFI, l'affacturage pourrait enfin trouver une place au coeur de la stratégie des banques...

 

 

[1] -10.5% en montant en 2011, source : Association des sociétés financières
[2] -14 % en montant entre 2007 et 2011, source : Association des sociétés financières
[3] -6.1% en montant en 2011, source : Association des sociétés financières
[4] Factors en anglais
[5] + 30% de croissance en montant entre 2009 et 2010 soit environ 10% du volume total de créances factorées en 2010
[6] La loi de modernisation de l'économie, entrée en application le 1er janvier 2009, impose des délais de règlements à 60 jours nets ou 45 jours fin de mois à compter de la date d'émission de la facture
[7] Filiale du groupe General Electric
[8] Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises (CGPME)
[9] Source : Factors Chain International
[10] En Europe en 2011, 14,3 % des montants ont été factorés par des entreprises en France, Source : Factors Chain International