La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Depuis quelques semaines, le secteur de l'eau fait parler de lui. Bien que très régulée, la gestion de l'eau présente des opportunités intéressantes en France. En effet, on assiste à une explosion des appels d'offres, avec 883 mises en concurrence en 2007, le double des années précédentes.
Même si un mouvement de retour à la régie municipale émerge, dans plus de 9 cas sur 10, les appels d'offre se soldent par le maintien de l'opérateur. Face à ces statistiques, on comprend donc les craintes de Suez Environnement pour l'appel d'offre sur l'Ile-de-France. Aujourd'hui, un certain nombre de collectivités s'engagent dans un processus de reprise en main de leurs services d'eau comme Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon et Paris.
Aujourd'hui, en France, le marché de l'eau est dominé par trois acteurs qui se partagent l'essentiel des appels d'offre lancés par les collectivités locales : la Lyonnaise des Eaux (filiale de Suez Environnement), la Compagnie générale des eaux (Veolia) et la Saur contrôlaient en 2005 plus de 98% du marché.
Le Conseil de la concurrence pointe très régulièrement le manque de concurrence sur ce marché. En 2002, il avait estimé que la Compagnie générale des eaux et la Lyonnaise des eaux abusaient de « leur position dominante collective » avec la création de sociétés communes à Marseille, Lille, Saint-Etienne et Versailles. Après un recours perdu par Veolia, le ministère des Finances demande aujourd'hui aux deux géants de décroiser leurs participations. En septembre, le dossier a pris de l'ampleur, avec la menace de transmettre le dossier à la future Haute Autorité de la Concurrence.
Un bataille acharnée est en train de se livrer entre les deux géants du secteur et ce pour trois raisons : l'obligation de décroiser les sociétés communes (1), l'appel d'offres sur l'Ile de France (2) et la remunicipalisation du service de l'eau à Paris (3).
Beaucoup de contrats signés dans les années 70 et 80 arrivent eux aussi à échéance. La concurrence devrait donc s'intensifier. Veolia et Suez Environnement ont tout intérêt à surveiller leurs concurrents : la Saur, reprise par le groupe Séché aidé par la Caisse des dépôts, semble de plus en plus agressive lors des appels d'offre ; le groupe allemand Guelsenwasser pourrait aussi gagner des parts de marché après le rachat de la Nantaise des Eaux. Le retour au public pourrait aussi s'accélérer de manière significative, sur le modèle de Paris, et dégrader la position des deux majors.
Parallèlement, un collectif d'élus et d'associations à l'origine d'une étude destructrice pour les entreprises privées, milite pour une remunicipalisation de Sotteville-les-Rouen, Saint-Etienne, Petit-Quevilly, Petit et Grand-Couronne, Moulineaux. Les communes ont donc un rôle particulièrement important à jouer dans ce débat pour introduire notamment davantage de concurrence sur le marché de la fourniture et du transport de l'eau.
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