Le marché des lubrifiants

Le marché des lubrifiants est mondialisé avec des régions exportatrices et importatrices globalement en équilibre. Ces flux entre régions existent pour des raisons de coûts de production réduit sur certaines zones et d’une demande de produits diversifiée. Que ce soit à l’export, avec la Chine en premier producteur mondial, ou au niveau des importations, l’Asie avec 40% de la demande mondiale est leader sur le marché. Très fragmenté, le marché des lubrifiants demeure toutefois dominé par les majors pétroliers responsables de plus de 40% de la production mondiale. 

Les applications liées au secteur de l’industrie et du transport, regroupant respectivement de 40% à 60% de la consommation mondiale, sont au cœur de la transition énergétique et font donc face à des contraintes réglementaires et technologiques fortes. L’offre de produits s’adapte pour respecter ces contraintes passant progressivement d’une domination actuelle des lubrifiants dit “Minéral” composé à 80% d’une base dérivée du brut vers un portefeuille varié intégrant des huiles à bases synthétiques plus performantes et d’huiles biodégradables plus respectueuses de l’environnement. 

À moyen terme, la projection de croissance du marché des lubrifiants est très favorable avec un taux annuel autour de 2% en volume de production à l’horizon 2025. Il serait évalué à 166,25 milliards de dollars avec un taux de croissance annuel en valeur autour de 3,8%, couplée à une marge moyenne brute autour de 600$ la tonne (soit 10 fois supérieure à la vente de carburant en station-service). Ces prévisions de croissance positives sont dues principalement à la reprise économique des pays grand consommateurs de lubrifiants (USA, Chine et Europe) auxquels s’ajoute l’émergence de nouveaux pays, comme l’Inde et les pays du sud-est asiatique où les ventes de véhicules augmentent fortement. 

Bien que les indicateurs économiques soient favorables à court terme, ils deviennent plus incertains sur le long terme influencés par tout un ensemble de facteurs endogènes et exogènes complexes à prédire. Parmi les potentiels disrupteurs du marché, les nouvelles technologies et plus particulièrement le remplacement progressif des moteurs à combustion interne par les moteurs électriques. Ces nouveaux véhicules très peu gourmands en lubrifiants pourraient réduire la demande d’au moins 20% sur le segment du transport routier. Autre facteur à même de modifier cette  demande, un engagement au niveau international des réductions des différents polluants et émissions carbones Cette volonté conduit les industriels à envisager l’utilisation de lubrifiants plus propres voire s’en affranchir (exemple : fabrication d'additifs). De ce fait, la dynamique globale du marché mondiale s’orienterait vers un déclin de la demande de près de 25% à horizon 2040 principalement due à la transition technologique au sein des secteurs prédominants. 

Exploiter amplement le potentiel du marché implique une stratégie globale orientée vers un ciblage intelligent et une offre de produits adaptée. Concentrer à moyen terme les efforts sur les marchés asiatiques et d’Amérique latine et proposer une ligne de produits premium répondant aux exigences actuelles en matière de performance et de protection de l’environnement apparaît comme la stratégie à adopter. Cependant, dans un horizon plus lointain, une reconversion des filières de production et des investissements dans les secteurs de la mobilité électrique et autres disrupteurs semblent nécessaires.