La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Le schéma d'ouverture du marché SNCF aura sans nul doute une incidence sur le positionnement du géant ferroviaire qui jusqu'à 2020 aura occupé une position de monopole sur le marché du transport ferroviaire à grande vitesse.
Le schéma d'ouverture du marché SNCF aura sans nul doute une incidence sur le positionnement du géant ferroviaire qui jusqu'à 2020 aura occupé une position de monopole sur le marché du transport ferroviaire à grande vitesse. Alors que l’ouverture à la concurrence arrive à grands pas, le groupe multiplie déjà les démarches pour fidéliser ses clients, et a notamment lancé en 2015 un appel d’offre pour définir le TGV du futur.
Dans sa globalité, le marché du transport à longue distance connait un essor sans précédent. La présence des compagnies aériennes low-cost, des services de co-voiturage et des autocars, en plus du TGV, donne au voyageur un large éventail d’alternatives pour effectuer son trajet dans les circonstances qui lui conviennent et au tarif qui lui correspond le mieux.
Ces facteurs, auxquels s’ajoute un besoin prépondérant de la part de SNCF d'attirer plus de voyageurs à ses services, n'ont fait que corroborer le sentiment du groupe de vouloir se préparer à la nouvelle ère de la concurrence. Face à ce changement qui se concrétise, le groupe démontre déjà des efforts pour atteindre son objectif compétitif et reconquérir ses clients, en lançant par exemple le projet de rénovation de la station Paris-Nord (300 millions d'euros) ou l’introduction de nouvelles lignes OUIGO, offre low-cost du groupe. Cette dernière, qui a capitalisé sur la réduction des coûts des opérations en émulant les modèles opérationnels des compagnies aériennes low-cost, a vu le jour suite à la volonté de SNCF de proposer ses services à une clientèle plus vaste. Son succès affirmé par une croissance de 54% du nombre de passagers entre 2017 et 2018 est ainsi une preuve tangible des bénéfices que SNCF est capable de générer en réduisant les coûts de maintenance et des opérations. Il n’est donc pas surprenant que SNCF ait intégré ces deux critères dans le cahier des charges de son projet phare : le TGV du futur.
Cette nouvelle génération, aussi appelée "TGV 2020", n'est autre que le modèle Avelia Horizon, dont la commande passée en 2018 par SNCF Mobilité a atteint près de 3 milliards d’euros pour 100 rames auprès d'Alstom, qui devra livrer la totalité des trains entre 2023 et 2031. Ce projet d'investissement aura un impact considérable sur la qualité des services proposés par SNCF Réseau (et par conséquent, une arme supplémentaire dans son arsenal pour faire face à l’ouverture du marché), mais aussi sur l'empreinte écologique, cette génération étant la plus « green » de la gamme TGV.
Les changements majeurs de ce train concernent aussi bien l'aspect externe que la mécanique interne de la rame :
Toujours dans le but d'atteindre les défis technologiques, économiques et compétitifs fixés par SNCF, cette nouvelle génération de TGV connaitra :
De toute évidence, le succès de tout projet d'une telle envergure n'est pas le fruit du hasard. En effet, SNCF a instauré une approche collaborative avec Alstom pour garantir le succès des travaux de recherche : depuis que l'industriel a remporté l'appel d'offres lancé par SNCF, une équipe composée de 300 contributeurs, dont 20 experts multidisciplinaires issus des deux compagnies, a été constituée pour repenser entièrement l'expérience du voyage à grande vitesse dans un plateau de travail partagé à Paris. Ce partenariat a appliqué des méthodes de travail axées sur l'agilité, l’innovation et la coopération pour répondre à un cahier des charges très ambitieux.
A titre d'exemple, SNCF a partagé les coûts historiques d'opérations et de maintenance avec Alstom, afin de mieux anticiper les défaillances et taux d'usure de ses rames, dans le but d'optimiser les plans de maintenance et de développer des méthodes permettant de déduire les impacts financiers des choix techniques préconisés.
L’usine de fabrication de la nouvelle gamme bénéficie également d’une optimisation de la logistique et des flux de production, d’un environnement de travail de qualité, d’un niveau de sécurité supérieur et de nouvelles méthodes de travail permettant de réduire la durée du cycle de fabrication de 30% par rapport à la génération Euroduplex.
De fait, une collaboration aussi bien étudiée est au premier abord, un pas vers une démarche collective exemplaire : deux géants de l'industrie française, deux métiers d'expertise avec un objectif commun.
En effet, la connaissance approfondie des habitudes et besoins des passagers, des opérations, et de la maintenance de flottes de TGV depuis 40 ans par SNCF, et la notoriété indéniable, dont bénéficie Alstom dans la conception ferroviaire, est sans doute l'atout principal qui fera du TGV du futur une « success story » ferroviaire pour les années à venir.