La reconversion, parent pauvre des politiques d…
Déjà fortement déployée depuis le début de l’ère 4G, la vidéosurveillance et la vidéoprotection sont sur le point d’atteindre un niveau bien plus performant qu’avant grâce à la 5G.
Déjà fortement déployée depuis le début de l’ère 4G, la vidéosurveillance et la vidéoprotection sont sur le point d’atteindre un niveau bien plus performant qu’avant grâce à la 5G. En effet, la 5G présente un débit jusqu’à 14 fois plus puissant que l’actuel et pourrait permettre à la sécurité privée et publique de décupler l’efficacité de la vidéosurveillance / vidéoprotection grâce à des caméras connectées plus précises et à des capacités de transmission plus rapides.
Cette nouvelle puissance de débit permettra à la 5G de transmettre des données en très haute définition, partout et en un temps dérisoire (de l’ordre de la fraction de seconde). Il sera alors possible d’envoyer ou de télécharger en instantané n’importe quel fichier, même le plus volumineux. La 5G nous laisserait même imaginer une future standardisation des vidéos en ultra haute définition.
Dans cet article, Sia Partners vous propose de parcourir quelques cas d’usages démontrant l’intérêt de la 5G au sein de la vidéo surveillance, ses opportunités et apports associés.
De par les bénéfices qu’elle apporte, la 5G représente une réelle opportunité d’optimisation et de développement des systèmes liés à l’utilisation et l’analyse vidéo :
Dans un premier temps, il convient de définir clairement ces deux usages et leurs différences. Tous deux désignent un système sécuritaire destiné à assurer la protection des personnes et des biens à l’aide de caméras. La nuance de terminologique implique pourtant des réalités et une législation bien distinctes. En effet, la loi n° 95-73 d’orientation et de programmation du 21 janvier 1995 relative à la sécurité, utilisait historiquement le terme « vidéosurveillance » pour désigner la captation, la transmission et l’enregistrement d’images prises depuis la voie publique afin d’assurer la protection des personnes et des biens. La consécration du terme « vidéoprotection » en remplacement de « vidéosurveillance » dans les textes réglementaires nous vient de la loi n° 2011-267 d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure du 14 mars 2011.
Aujourd’hui, la pratique de la sûreté qualifie de vidéoprotection les dispositifs installés :
Dès lors que le dispositif est installé dans un lieu privé et / ou non ouvert au public, on parlera alors de vidéosurveillance.
Dans le cadre de la vidéoprotection, l’installation des systèmes est subordonnée à l’obtention d’une autorisation préfectorale. Cas particulier, il existe aujourd’hui des solutions automatisées incorporées à la vidéosurveillance et permettant une reconnaissance faciale directe. Ces solutions sont certes dispensées d’une autorisation préfectorale mais soumises à la saisine de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
Le très haut débit (THD) de la 5G va permettre d’augmenter drastiquement la qualité des images vidéo, tout en optimisant leur taux de compression pour un transfert plus rapide.
Lors des premiers essais par Nokia au tournoi de Roland-Garros 2018, la 5G a démontré qu’elle pouvait capter et retransmettre des vidéos en ultra haute définition au format 8K, avec une netteté de 33 millions de pixels. Soit une netteté trois fois supérieure aux meilleurs standards du marché observés jusqu’à maintenant avec le format 4K.
En combinant cette qualité vidéo et un niveau de compression des images nécessitant une bande passante moindre, les agents chargés de la vidéosurveillance / vidéoprotection seraient en mesure d’identifier plus efficacement et plus rapidement une anomalie sur un site, permettant ainsi une réactivité accrue pour déployer les mesures adéquates. Par exemple, dans le cas d’une intervention des forces de l’ordre (ou d’une société privée) suite à une intrusion, les agents pourraient recevoir en temps réel des images ultra-haute définition de l’intérieur, optimisant ainsi leur opération à venir.
Enfin, comme évoqué précédemment, le très haut-débit de la 5G va permettre l’obtention d’images en haute définition. Couplés à des technologie de reconnaissance faciale et d’Intelligence Artificielle (IA), ces images permettraient aux policiers ou tout autre intervenant une identification plus facile, rapide et efficace des personnes ayant commis un acte malveillant.
Autre avantage majeur de la 5G, cette dernière va permettre de connecter en réseau un nombre d’objets beaucoup plus important que ses prédécesseurs (2/3/4G). Aussi, nous pourrions imaginer une mise en réseau des différents outils de surveillance déployés sur un même site (caméras, drones, détecteurs de mouvement,...etc.) mais à une échelle bien plus importante. Ce déploiement en réseau permettrait ainsi d’effectuer un contrôle optimal du lieu ou du bâtiment surveillé, en offrant une vision à la fois extrêmement précise et en temps réel. Une telle visualisation à 360° pourrait encore une fois renforcer la capacité des équipes de sécurité à détecter un problème et à intervenir rapidement.
De plus, grâce à un accès au cloud facilité car beaucoup plus rapide, la 5G donnera la possibilité de stocker un volume presque illimité d’images de vidéosurveillance. Autrement dit, un moyen de documenter avec plus de précision une infraction ou un délit, à condition que ces images puissent être mises à la disposition de la justice. Même si de nombreux parcs de caméras sont privés dans certains quartiers et zones ouvertes au public, les forces de l’ordre pourraient, dans certains cas, avoir accès directement aux images de vidéosurveillance en se connectant au cloud. Toutefois cette éventualité pourrait bien poser problème vis-à-vis des libertés fondamentales. En effet, ces pratiques inédites soulèvent de nouvelles problématiques. Qu’en est-il des risques de piratage et de troubles à l’ordre public qui pourraient découler d’un mauvais usage des données traitées ?
Le développement du réseau 5G utilisée dans le cadre de la vidéosurveillance et de la vidéoprotection va fortement impacter de nombreux secteurs d’activité parmi lesquels figurent la sécurité, les transports et les smart-cities. Autant de cas d’usage (nouveaux ou existants) qui pourraient utiliser la vidéosurveillance et vidéoprotection à bon escient pour éclore ou s’améliorer.
Les applications de la 5G dans le secteur des transports sont multiples, avec notamment le remplacement du réseau GSM pour les chemins de fer, l’entretien préventif des infrastructures ou encore la protection des sites industriels “critiques”. En effet, la 5G va permettre d’apporter plusieurs nouveaux cas d’usages dont la vidéosurveillance dans les transports (sécurité dans le ferroviaire, sécurité routière,…).
Tout d’abord, comme évoqué précédemment la 5G permet le traitement de fichiers volumineux, la production et la sauvegarde de métadonnées. L’analyse de ces métadonnées, via IA ou via des opérateurs permet de prévoir des interventions de maintenance plus rapides et plus efficaces. Par exemple la SNCF, utilise aujourd’hui des trains de surveillance de l’infrastructure ferroviaire dotés de caméras intelligentes. Ces caméras permettent dans un premier temps de capter les images du matériel (rail, ballaste, caténaire,…) puis de les envoyer sous forme de vidéos aux différents centres de supervision concernés.
En fin 2019, la SNCF a signé un nouveau contrat avec Nokia ayant pour objectif de créer un laboratoire 5G afin notamment de préparer la transition vers un nouveau standard de communication sans fil, plus performant. Cette nouvelle collaboration aura également pour but de rendre la vidéosurveillance ferroviaire encore plus performante en permettant notamment une meilleure qualité des images, une transmission plus rapide voir en temps réel aux centres de supervision et donc une planification des interventions plus rapide et plus efficace.
Aujourd’hui de plus en plus de villes cherchent à se développer en tant que smart city. Grâce à la 5G l’idée des villes connectées va faire un grand pas en avant. Selon le PDG d’Ericsson France, “Les transports et la sécurité urbaine devraient être les premiers domaines d’application de la 5G pour la smart city », Franck Bouétard.
Grâce aux applicatifs d’analyses vidéo, les caméras utilisées pour protéger l’espace urbain pourraient également devenir le capteur multifonction de base de la Smart City. En effet, de nombreux usages de la ville peuvent être mesurés et analysés par des caméras comme par exemple le comptage (piétons, cycles, voitures), permettant ainsi d’économiser la pose de nombreux capteurs monofonctionnels (boucle de comptage, station météo, etc.). Certains acteurs envisagent également d'utiliser les images issues des caméras de vidéoprotection pour accompagner leur politique de gestion du stationnement comme le respect des places réservées ou des zones bleues notamment.
De plus, la 5G permettra de réduire le délai d’installation d’une caméra et les travaux induits. En effet, avec des antennes ne nécessitant pas la même hauteur de pose que celles de le 4G, la 5G apporterait une rapidité de déploiement bien plus importante.
Enfin, outre un meilleur temps de réaction pour décider de surveiller une zone qui en a besoin, la 5G offrira surtout une grande mobilité aux caméras qui pourraient être redéployées facilement ailleurs. Cela permettrait également aux villes de régler plus facilement l’un des problèmes historiques de la vidéoprotection : le dézonage des délits dans des zones non surveillées.
La présence de vidéoprotection dans les lieux publics se démocratise de plus en plus malgré les obstacles liés aux libertés fondamentales. Pourtant la connectivité des caméras aujourd’hui via fibre optique ou par simple Wifi porte avec elle des problématiques de complexité et de performance. La vidéoprotection comme expliqué plus tôt est autorisée dans les lieux publics à fort risque de criminalité ou de terrorisme.
Trois points sont ici cruciaux :
La vidéoprotection joue alors un rôle triple de dissuasion, de prévention et de réaction. Par exemple, les Hub de transports comme les gares ou aéroports pourront bénéficier d’une efficacité accrue des caméras pour améliorer leur système de sécurité. Grâce à la 5G, il sera plus aisé d’installer des caméras dans les bâtiments et d’analyser les images enregistrées en haute définition et transmises au PC sécurité.
L’arrivée de la 5G promet donc de nombreuses opportunités pour le domaine de la vidéo surveillance telles que l’augmentation de la sécurité en lieux publiques ou encore l’amélioration de la maintenance dans le ferroviaire. En effet sa faible latence et son très haut débit (14 fois plus rapide que la 4G) permettra une standardisation des vidéos en ultra haute définition et une transmission quasi instantanée donnant ainsi accès à de meilleures performances en vidéo surveillance et reconnaissance d’images.
Cependant, ces nouvelles techniques de vidéo surveillance haute performance peuvent parfois se heurter à certaines limitations éthiques telles que le cas de la reconnaissance faciale dans les lycées Niçois et Marseillais ayant été refusée par la CNIL.
La CNIL a ainsi souligné en septembre 2018, la nécessité de définir un cadre juridique clair pour encadrer les finalités de ces nouveaux outils. Le sentiment de surveillance renforcée, la préservation de la vie privée ainsi que la liberté d’aller et venir anonymement sont des enjeux particulièrement sensibles et importants. Si en Espagne, les caméras connectées et les technologies de reconnaissance faciale ont déjà été déployées par la garde civile et la police, en France ces enjeux soulèveront certainement un véritable débat démocratique, avant même l’intervention du législateur. Autant de points sensibles auxquels les entreprises de sécurité privée devront se préparer et former leurs équipes.